La semaine dernière nous avons eu, sur le blog, un commentaire intéressant sur plusieurs points. Il était en rapport avec le sujet : créer une série et une web-série.
Nous avons trouvé intéressant et important de vous faire partager ce commentaire et nos réponses. Vous vous doutez bien que la réponse, via cet article, est plus importante que la réponse originale.
Voici le commentaire :
Bonjour c’est super intéressant, merci pour cette aide précieuse! J’ai toujours voulu écrire et travailler avec l’image mais, sans formation, je n’avais que des bribes d’idées que j’écrivais dans les grandes lignes. La plupart de mes idées n’aboutiront jamais même si je peux passer des mois à penser une histoire.
Sinon j’ai quelques questions :
1) que pensez-vous de la série Black Mirror où chaque épisode est indépendant des autres, avec des personnages et une intrigue toujours différente, où chaque épisode est conçu avec un début et une fin comme un film?
2) Comment vendre un projet de mini série (1 saison sans suite par exemple) ou une série au format atypique telle que Sherlock (de Steven Moffat, 3 ep par saison)
3) ou encore OA avec des épisodes à la durée variable?
4) Est ce qu’il faut fournir aux producteurs le scénario de chaque épisode avec note d’intention et tout?
5) Que faire quand on a en tête plusieurs idées de scénarios différents pouvant chacun être un projet de long métrage à part entière? Ils s’inscrivent tous dans un même univers qui marcherait plus comme une trame de fond ou un univers étendu (qui lui, a bien un début et une fin). Dans ce cas, est-il plus judicieux de faire une série ou d’écrire une saga à la manière de l’univers Marvel ?
Et voici nos réponses :
Les questions que tu poses sont intéressantes. Nous allons essayer de te répondre le plus clairement possible.
1) Black mirror. La série a comme thème central : les dérives des nouvelles technologies ou l’extrapolation de celles-ci. Effectivement, chaque épisode prend un héros différent…un univers différent…nous trouvons ça un peu gênant car les codes changent, les héros changent…ce n’est pas une série que l’on regarde en se disant « chouette, je vais retrouver mes héros et mon univers préféré ». On regarde ça en se disant « qu’est-ce qu’ils nous ont inventé encore cette fois ci ».
Mais la série marche car les thèmes et sujets traités sont forts et bien écrits. De plus cela joue plus sur l’anticipation que la science-fiction et c’est en cela que la série est très forte car elle utilise les codes, l’univers et la technologie que nous connaissons ou que nous pouvons considérer comme vrais. C’est une critique de notre société, de ses travers et de ses dangers. Mais ce n’est pas simple à vendre à une chaîne. Certains épisodes et idées pouraient très bien être déclinés en série ou mini-série tant le sujet ouvre des possibilités, mais ce n’est pas le cas de tous.
2) vendre une mini série ce n’est pas compliqué. Il y a plein de mini-séries diffusées sur les chaînes (même françaises) :
– Le secret d’Elise
– La vie devant elles
– Les mystères du lac
– Dix pour cent
Lorsque je dis qu’il n’est pas compliqué de vendre une mini-série, il faut comprendre que cela se fait régulièrement ! Évidemment qu’écrire une série, une mini-série ou un unitaire reste difficile et encore plus de la vendre à une chaîne ou un producteur. On vend une mini-série comme une série avec : bible, scénario etc…
Les plateformes telles que Netflix ou Blackpills sont une porte ouverte vers les séries atypiques (Tom en a déjà parlé dans un article).
Elles ne recherchent souvent que des séries atypiques que cela soit dans le genre, la durée ou le sujet traité. Ces plateformes redistribuent les cartes dans la manière de concevoir des séries ou des films, dans leurs modes de production, de financement et de diffusion.

3) Pour ce qui est la durée variable de OA…idem, difficile à vendre sur une chaîne et avec une diffusion toutes les semaines. Voilà pourquoi une plateforme comme Netflix peut se permettre cela…la série est disponible tout de suite. La durée est au service de l’épisode et de l’intrigue. Plusieurs séries devraient suivre cet exemple. Cela rejoint ce que je disais juste au dessus.
4) Tom a traité ce sujet dans plusieurs articles que tu trouveras dans l’onglet : Articles. Mais je vais tout de même te faire une réponse courte. Pour une série il faut une bible, un scénario, un cv, un moodboard etc…Si tu fais une recherche avec tous ces mots clés sur le site je te promets que tu vas apprendre plein de choses.
Et tu nous parles quand de la propriété intellectuelle ?
J’y viens avec cette dernière réponse :
5) Ta question sur l’univers étendu…c’est une question difficile. Tu prends l’exemple de MARVEL qui s’inscrit dans un univers étendu certes…mais qui n’en était pas un avant. Chaque comics avait son héros et au début les héros ne se rencontraient pas. Quand tu lisais : strange, nova, x-men, R.O.M, amazing spiderman, strange, the avengers…les aventures des uns ne prenaient pas en compte les histoires des autres.
L’important c’est de créer de la propriété intellectuelle (IP, intellectual property), c’est à dire que chaque héros a une histoire, un passé…et trouve un public. Cela veut dire que ce personnage fera vendre des bd, des films, des jouets etc…Donc l’important c’est de commencer quelque part pour fédérer des gens autour d’un héros, d’un univers. MARVEL a commencé avec iron man, thor, Captain America etc…
Et chaque film cartonne…vient ensuite : The Avengers…qui réunit tous les personnages et cartonne encore plus.
Puis MARVEL mise sur le transmédia, c’est à dire que l’univers est disponible sur plusieurs supports : long, série, jeux vidéo etc.. Mais tout cela n’est possible que parce que Les IP sont viables et connues de tous les fans. Si tu prends les premiers Spiderman avec Tobey Mcguirre il n’y a pas de passerelle avec les premiers Hulk, idem pour l’univers DC les premiers Batman de Burton ou ceux de Nolan n’ont pas de passerelle avec les premiers superman…
Avant de penser transmédia et univers étendu il faut créer une première IP et seulement ensuite penser à une application sur d’autres supports, d’autres héros se servant de l’univers du premier. Cela n’empêche que tu peux avoir en tête les différentes applications, ou les autres histoires et ponts possibles entre chaque héros ou chaque histoire. Mais tout doit pouvoir être diffusé ou regardé séparément et surtout viable commercialement.
Sans parler d’univers étendu mais juste de propriété intellectuelle il y a Asterix et Obelix, boule et bill, lucky luke ou les schtroumfs. Tous ces personnages sont la propriété de leur auteur, des ayants droits ou de ceux qui les ont achetés (possèdent). Il existe des films, des jeux, des dessins animés, des séries, des bd, des jouets, du linge de bain et j’en passe avec ces personnages.
Demain si vous faites un dessin animé ou une série, ou même un film (court, long etc..) vous créez de la propriété intellectuelle, c’est à dire que si cela fonctionne la valeur de ce que vous avez créé augmente.

Les suites de films en sont la preuve “vivante”. Si vous prenez les fast & furious, les missions impossibles, les James bond…le premier a créé des personages et un univers qui a plu et qui a appelé une suite…puis une autre pour se transformer en saga (franchise). Mission impossible était une série adaptée en film. Les personnages ont été repris, le concept aussi… Aujourd’hui, chaque épisode est un véritable évènement repoussant les limites des SFX et des cascades et s’est aussi transformé en franchise. Pour James bond c’était des livres…le personnage est toujours fidèle, même s’il est plus moderne par rapport à ce qu’il était il y a plus de 60 ans, mais le résultat est le même aujourd’hui que pour les autres exemples.
Pas la peine de vous parler de Star Wars, je pense que vous avez compris l’idée.
Voilà pour l’article sur la propriété intellectuelle et la longue réponse au commentaire d’un des lecteurs.
A bientôt,
L’équipe de Comment Faire Un Film
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