Produire et réaliser son film avec des financements classiques c’est possible…la preuve
Il y a quelques semaines je vous faisais partager l’expérience d’un jeune réalisateur qui s’était autoproduit. Vous pouvez retrouver l’article en cliquant sur ce lien. Aujourd’hui, je souhaite vous présenter un autre apprenti auteur/réalisateur que j’ai rencontré et vous faire profiter de son parcours et de son expérience. Vous allez voir que faire du cinéma en suivant le bon parcours c’est possible.
Cette semaine je retrouve Loïc dans un restaurant, proche de Lille, pour qu’il puisse m’expliquer son aventure et celle de son film : Plus jamais comme avant.
Tom : Pour commencer je vais te demander de te présenter en quelques mots.
Loïc : Je m’appelle Loïc Van Russel, j’ai 26 ans. J’habite dans les Hauts de France, je suis réalisateur et opérateur projectionniste de cinéma.
Tom : Je suis content que tu aies accepté de me rencontrer et de partager ton expérience avec les lecteurs de commentFaireUnFilm.
Tu connais le blog depuis longtemps ?
Loïc : Je trouve intéressant de partager mon expérience, même si j’ai encore un long chemin à faire. Et puis je connais le blog depuis un moment, j’y suis beaucoup allé pour chercher un tas d’informations, surtout des infos sur les financements.
Tom : C’est super ! Je suppose que tu y vas un peu moins maintenant car tu montes en compétences…
Loïc : oui j’y vais moins, mais c’est une mine d’informations incroyable.
Tom : Qu’est-ce qui t’a amené à faire du cinéma ?
Une vocation pour le cinéma
Loïc : J’ai fait une licence cinéma à Lille 3 et l’envie de faire du cinéma est venue naturellement….Au début, je voulais surtout écrire, être scénariste. La réalisation, c’était pour m’amuser et tester des trucs. Un jour, j’ai écrit un scénario sur une journée, pris une petite caméra, des potes et on est partis tourner…
Tom : Ah oui à l’arrache. Et le sujet ?
Loïc : Le but c’était de tourner, voir ce dont j’étais capable. Ce sont même mes potes qui faisaient l’équipe technique et les comédiens…Certains ne savaient pas tenir une perche ou une caméra. Je leur disais « bon toi tu tiens la perche comme ça…puis là ». Je savais que le résultat n’allait pas être comme un « vrai film » mais le sujet était déjà plus ou moins celui de : « Plus jamais comme avant », on y retrouvait le thème de l’addiction au cannabis.
Tom : c’est un sujet qui a été traité des centaines de fois…pas évident de trouver le bon angle…de ne pas tomber dans les clichés…
Loïc : justement c’est un point super important ce que tu dis, mais j’y reviendrai plus tard. Bref, je monte le film et je le balance sur You tube.
Tom : et ?
Un retour positif pour le réalisateur
Loïc : Il se passe un truc…malgré le fait que le film comporte beaucoup de points faibles, les commentaires sont plutôt bons…et je vois surtout que le sujet touche les gens. D’ailleurs, c’est réellement là, grâce à des conversations que j’ai, notamment avec un mec dont le frère a connu des problèmes d’addiction, que j’envisage d’aller un peu plus loin…c’est à dire écrire un scénario, un vrai, et d’en faire un film pour de bon.
Tom : C’est drôle comme parfois on peut avoir un sujet qui nous colle. Bon, une fois que tu te dis ça, tu n’es pas plus avancé ! Je veux dire tu ne connais personne, tu n’as pas de réseau…tu n’as peut-être jamais vu de tournage ou participé à un « vrai » tournage etc…bref, tu es tout seul.
Loïc : Si, j’avais quand même assisté à quelques tournages grâce à mon cursus mais c’est vrai, je n’avais pas du tout de réseau. Je me mets donc en marche, je fais un stage en réalisation dans ma région et j’en profite pour montrer le film que j’ai fait avec mes potes pour avoir un avis un peu plus pro. La personne en question me dit ce que j’avais ressenti, c’est à dire qu’il y a un truc à faire autour de ce sujet et que la manière dont j’ai commencé à le traiter est intéressante. Mais il me conseille de monter une vraie équipe, tourner avec des vrais comédiens…bref de faire un film dans les règles de l’art.
Tom : Tu décides de chercher une production ?
Monter une structure associative
Loïc : Non, je décide de monter une structure associative pour avoir « un cadre » c’est à dire louer du matériel et/ou demander des subventions.
Tom : Tu te formes au fil de l’eau, tu rencontres des gens…bref tu te fais un réseau…
Loïc : Oui, la première étape ça a été de faire de la figuration. D’ailleurs c’est drôle car en 2012, sur la série dans laquelle j’étais figurant, j’ai vu un comédien que j’ai trouvé extraordinaire et je me disais qu’il serait parfait pour mon film dans le rôle du père, c’était Dominique Thomas qui joue le commissaire Tricart dans les petits meurtres d’Agatha Christie.
Tom : Tu es allé le voir et t’as tenté ta chance ?
Loïc : Non, je me disais qu’un comédien avec autant de talent, qui joue dans une grosse série, n’accepterait jamais d’être dirigé par un jeune réalisateur qui, de surcroît, fait son premier court-métrage.
Tom : Cela ne veut rien dire, mais peut-être que ce n’était pas le meilleur endroit ou le meilleur moment de lui proposer…Donc tu as fait quoi ?
Une rencontre sur un tournage
Loïc : Sur le moment rien, j’ai continué à écrire, à me former, à faire un peu de figuration…D’ailleurs nous nous sommes rencontrés sur un plateau, tu étais assistant!
Tom : Non ?! Sur quoi ?
Loïc : Sur un téléfilm pour France 3, « À demain sans faute ».
Tom : C’est énorme ! C’était un téléfilm produit par BFC réalisé par Jean-Louis Lorenzi avec Anne décis, Xavier gallais et Samuel Labarthe (le commissaire laurence dans les petits meurtres d’Agatha christie NDLR). J’ai écrit, il y a quelques semaines, des articles sur la figuration où je dis qu’il faut, en tant qu’assistant ou réalisateur, être bienveillant envers les personnes qui acceptent de faire de la figuration etc…j’espère que ça été le cas avec toi ?
Loïc : Oui, ne t’inquiète pas.
Tom : Revenons à nos moutons, là où tu tombes « amoureux » d’un comédien.
La rencontre avec Dominique Thomas
Loïc : 6 mois plus tard, un mec que je connais et qui bosse dans le théâtre me parle d’un comédien que je devrais absolument rencontrer car il serait parfait pour le rôle du père…et je te le donne en mille : C’est Dominique Thomas. Encore une fois, je lui dis qu’il n’acceptera jamais de jouer dans mon film. Ce que je ne sais pas c’est que le gars envoie mon scénario à Dominique.
Tom : et ?
Loïc : 3 jours plus tard, je le recroise lors d’une réunion et il me dit : « j’ai quelqu’un à te présenter. »
Tom : Dominique Thomas était là !
Loïc : Exactement et il a adoré mon scénario et souhaite jouer dedans !
Trouver de l’argent et une équipe technique
Tom : Comme quoi, il faut oser se faire confiance. Bon ok, mais on va un peu vite là, car tu n’as toujours pas d’argent et toujours pas d’équipe technique.
Loïc : Oui, sauf qu’entre temps je continue d’avancer sur les autres aspects du film. Je monte un dossier. Tout à l’heure je disais que j’avais monté une association mais je ne l’ai pas sortie de mon chapeau. Dans ma région il y a un dispositif du Conseil Général qui s’appelle : Bourse Initiatives jeunes. Pour pouvoir déposer un dossier de financement/ d’aide, il faut une association.
Tom : Tu as vraiment les bons réflexes, ça fait plaisir à entendre.
Loïc : Je passe devant une commission et j’obtiens une aide de 5000 euros.
Tom : Et tu penses au crowdfunding ?
Loïc : Oui, mais je comprends que faire une campagne ça se prépare, c’est consommateur de temps.
Tom : Et qu’il faut un réseau ou un projet qui fédère…pour passer le premier cercle, ce que l’on appelle le love money, c’est à dire l’argent que les proches donnent pour faire plaisir…une « vraie » campagne doit dépasser ce cercle. Pour cela il faut étendre le réseau et c’est ça qui demande beaucoup d’énergie car il faut donner envie aux internautes de donner.
Loïc : Oui c’est clair.
Tom : Tu fais quoi alors pour chercher de l’argent ?
Trouver de l’argent
Loïc : J’avais déjà un premier dossier avec l’aide du Conseil Général du Pas-de-Calais…je décide donc de tenter ma chance à la commission régionale d’aide au cinéma. N’ayant pas de producteur je me tourne vers la commission de production associative de ma région.
Tom : Tu sais que pour beaucoup d’apprentis réalisateurs, auteurs, ce que tu t’apprêtes à faire c’est perdre 2 ans de ta vie ! Ils pensent tous que les commissions sont truquées, que ça prend 2 ans pour avoir une réponse, que si tu n’es pas connu ou si tu ne connais pas le jury ou que tu n’es pas le fils de machin, tu es certain de te faire envoyer bouler sans aucune explication ! Tu t’apprêtes à faire le parcours du combattant !
Loïc : Comme tu dis ! Mais je tenais vraiment à cette étape car obtenir le fonds d’aide à la création associative de Pictanovo c’est déjà une reconnaissance professionnelle, ça donne du crédit au projet et donc au réalisateur. D’autre part, je refusais d’y mettre de l’argent personnel ou de tourner avec seulement 5000 euros.
Trouver des commissions
Tom : Pour que tout soit clair, il faut dire que la commission dont tu parles se réunit 3 fois par an et que l’aide qu’elle apporte est plus qu’incroyable lorsque tu veux te lancer dans le cinéma. Mais il y a des conditions. Comme par exemple être adhérent de cette structure et que l’association soit implantée dans la région en question.
Loïc : Oui et être adhérent cela représente 35 euros/an ! Je décide donc de prendre un rendez-vous avec la personne en charge du fonds d’aide associatif et je dépose un dossier.
Tom : C’est clair que je préfère « casser » ma tirelire et mettre 35 euros (j’ai une petite tirelire) et avoir la chance de me faire financer que de dépenser 15 000 euros de ma poche. Surtout qu’avec ces 35 euros tu peux demander 12 000 euros en numéraire et 75% de réduction sur le matériel (car la structure en question dispose d’un parc de matériel).
Loïc : Oui. Faut dire aussi que ce sont des montants maximums! Il est rare d’avoir les 12 000 euros. Et puis cela dépend de ton budget.
Tom : L’aide financière ne peut pas dépasser 49% de ton budget et l’aide en matériel (en industrie) ne peut pas dépasser 7200 euros de location…ce qui fait au maximum 5400 euros de ristourne. Donc tu dépose ton dossier et…
Le refus par la commission
Loïc : Je me fais jeter ou plutôt recaler car il s’agissait d’un report et non d’un refus définitif.
Tom : Ahahahah, là, si on s’arrête là, les lecteurs ou les sceptiques dont je parlais plus haut vont se gargariser de bonheur en disant : « ben voilà je l’avais dit ! Tous pourris ! »
Loïc : La décision s’est apparemment jouée à une voix près !
Tom : Comment tu le sais…Les commissions sont opaques…on ne sait jamais rien… (Lire cette phrase de manière HYPER ironique !)
Savoir le pourquoi du comment
Loïc : Pas du tout. J’ai simplement demandé au responsable du fonds et puis il y a l’association des auteurs/réalisateurs qui assiste à la commission et j’ai pu savoir, de cette manière, ce qu’il s’était plus ou moins passé.
Tom : Tu l’as mal vécu ?
Loïc : Je ne vais pas te mentir, j’ai été vexé et je ne l’ai pas bien vécu.
Tom : Ils t’ont dit quoi ?
Loïc : Ils ont mis le doigt sur une faiblesse du scénario et surtout sur ce qui était intéressant dans mon histoire : les rapports père/fils. Ils préconisaient de développer davantage cet axe et ce parti pris de départ pour se détacher davantage de l’addiction au cannabis.
Tom : Ils avaient tort ?
Loïc : Mais non, bien au contraire. J’ai pris le recul nécessaire et j’ai joué le jeu.
Tom : Tu as fait ce que la commission voulait en fait ?
Loïc : Non j’ai fait le film que je voulais en prenant en compte leurs remarques. Franchement mon film a pris de l’épaisseur et une dimension beaucoup plus intéressante. De mon point de vue, il est devenu un film sur l’adolescence plus que sur le cannabis et a donc pris une dimension encore plus universelle.
Tom : Tu auras compris que j’ai fait exprès de te poser la question comme ça ;o) En gros, si tu ne t’étais pas confronté à cette commission, à son jury, tu n’aurais pas eu un tel résultat ?
Ne jamais abandonner
Loïc : Non. J’ai donc repassé la commission un peu plus tard.
Tom : Et ?
Loïc : J’ai été aidé, j’ai obtenu 5000 euros en cash et 3152 euros en industrie (aide en matériel).
Tom : Ok, donc si je compte bien…tu as dépensé 35 euros depuis le début de ton histoire, je ne compte pas le temps passé sur ton premier dossier pour le Conseil Général et le timbre que tu as dû acheter pour l’envoyer…donc tu as dépensé 35 euros et là, grâce au parcours « classique » des financements, tu as déjà un budget de : 13 300 euros dont 10 000 en cash ! Mais tu as mis 2 ans ! (Ironique toujours).
Loïc : Un peu moins. Entre l’aide obtenue auprès du Conseil Général et celle de la région, il s’est quand même écoulé un peu plus d’un an. Mais oui j’ai ça comme budget.
Tom : Je suppose que tu ne t’arrêtes pas là ?
Loïc : Non, car je sais qu’il va me falloir mixer et monter dans de bonnes conditions. Pour le mixage je sais qu’il me faut un studio. J’ai fait toutes les démarches pour solliciter le Fresnoy-studio national des arts contemporains dans ma région. Ensuite, j’ai déposé un dossier et j’ai obtenu une aide en industrie de 2400 euros environ si je ne dis pas de bêtises. J’ai pu mixer là-bas.
Tom : Tu dépasses donc, les 15 000 euros de budget, bravo.
Loïc : En tout, j’ai tourné avec 17 000 euros.
Chercher des techniciens
Tom : Une fois que tu as tout ça, il faut chercher les techniciens, les comédiens.
Loïc : Oui, là j’ai décroché mon téléphone et là c’est le parcours du combattant.
Tom : Ils sont gentils les techniciens…
Loïc : (rires) oui, mais le tournage s’étalait sur 8 jours ! Et c’est compliqué de pouvoir « booker » un intermittent, et encore plus sur 8 jours.
Tom : C’est clair. Mais à force d’appeler, de les rencontrer, de parler de ton film, tu t’en sors ?
S’appuyer sur les bases de données techniciens
Loïc : Oui et je m’appuie sur la base de données des techniciens de ma région, du bureau d’accueil des tournages pour avoir les coordonnées.
Tom : Oui et comme tu as Dominique Thomas qui est du voyage, c’est plus simple de convaincre les autres comédiens. Résultat ?
Loïc : En fait, j’ai eu les comédiens assez tôt, bien avant certains techniciens. Il y’avait Sophie Bourdon pour interpréter le rôle de la mère, elle aussi professionnelle et reconnue. Seul Wim, qui incarne le personnage du fils n’est pas comédien, mais c’est un choix. Concernant l’équipe technique j’arrive à fédérer 20 techniciens.
Tom : Tout ça tout seul ?
Loïc : J’ai assez vite le réflexe de me dire que d’assumer le tournage et la prod c’est un travail de fou et qu’à un moment je devais passer la main. Je décide donc de chercher et de trouver une autre structure pour me décharger du côté production et pouvoir me concentrer uniquement sur la réalisation. Donc j’avais un directeur de production avec moi.
Les repérages
Tom : Et les repérages ?
Loïc : Je les effectue quand c’est possible avec les chefs de poste. Comme j’ai travaillé mes personnages, j’ai défini la classe à laquelle ils appartiennent et je cherche une maison, qui est mon décor principal, qui colle à eux. Malgré les différentes maisons que je vois, je ne suis pas convaincu…et puis je me souviens de la maison d’un pote qui serait parfaite…après discussion avec ses parents, ils acceptent de me la prêter.
Tom : un décor gratos quoi !
Loïc : Tu le sais comme moi un tournage c’est…compliqué.
Tom : Oui, lorsque je faisais des repérages, j’expliquais aux personnes prêtes à louer leur maison pour un film que « c’est un don de soi » c’est à dire que tu n’es plus chez toi pendant le temps du tournage…il y a 20 personnes qui vont, qui viennent, tu ne peux pas être là, tu dois faire le silence si tu y es…bref…ce n’est plus chez toi !
Loïc : Exactement. J’ai donc « défrayé » les parents de mon pote. Je trouvais ça normal.
Arrive donc le jour du tournage…
Loïc : Euh oui, enfin presque ! Je dois d’abord revenir sur une chose qui me paraît importante : Quelques jours avant le tournage, mon chef opérateur a eu un problème de santé. Il ne pouvait plus assurer sa place ! Soit j’attendais qu’il soit rétabli en décalant le tournage, soit je prenais un autre chef op. Impatient de tourner, j’ai d’abord envisagé la deuxième solution mais j’ai vite réalisé que c’était trop risqué. Il connaissait trop mon projet, on avait déjà beaucoup travaillé ensemble et on s’entendait parfaitement, ça devait être lui et pas un autre. J’ai donc décalé le tournage de 3 mois environ.
Tom : Quand on parle de parcours du combattant… Je dis souvent que les techniciens que l’on choisi et qui nous choisissent sont des collaborateurs et non pas juste des faiseurs. Tu as eu raison de décaler pour attendre ton chef opérateur…Il a donc fini par arriver ce tournage ?
Le tournage du film
Loïc : Oui ! La veille…un trac de fou…je n’ai pas bien dormi. Et le jour J, j’arrive sur le plateau, il y a déjà l’équipe qui s’affaire…je rentre, je vois le décor, la caméra, la machinerie…les comédiens en train de se faire maquiller…pfff, une expérience de dingue. Mais je me sens plutôt bien, le trac tombe d’un coup et je me mets au travail.
Tom : Donc 8 jours extraordinaires de tournage avec ce que cela représente, d’imprévus, de galères, de coups de fatigue etc…mais ça reste incroyable tout de même.
Loïc : Oui. Mais si je rentre dans les détails il te faudra 12 articles pour tout expliquer…et puis pas certain que ça aide tes lecteurs.
Tom : Et la musique ?
Plus jamais comme avant (Never like before again) • [Short film teaser] from Loïc Van Russel on Vimeo.
Loïc : Au départ je n’en voulais pas, je voulais quelque chose de très réaliste.
Tom : Tu peux avoir un film très réaliste avec de la musique…ça ne change rien à ton histoire ?!
La transmission des émotions
Loïc : Oui mais le côté réel m’obsède. Je veux dire dans la vraie vie, quand tu es triste et que tu te mets à pleurer, tu n’as pas une musique qui accentue le fait que tu pleures… Pourtant, si quelqu’un te surprend en train de pleurer, il peut ressentir une certaine émotion et une certaine empathie.
Tom : Ok, mais tu ne fais pas un épisode de strip-tease (émission hyper réaliste des années 85-92 diffusé sur la rtbf puis France 3)… Et le spectateur sait qu’il regarde un film donc pourquoi ce choix ? Même si je comprends ton point de vue.
Loïc : Disons que je voulais susciter l’émotion chez le spectateur sans avoir automatiquement recours à la musique. Je voulais que le jeu des comédiens, le cadre, les sons ambiants se suffisent à eux-mêmes pour tendre vers l’émotion. En plus, les moments de silence sont importants dans mon film car ils symbolisent la rupture de dialogues entre les parents et l’adolescent.
Mais d’un autre côté, j’avais évidemment conscience que la musique fait beaucoup au cinéma et qu’elle peut « emporter » le spectateur, j’ai alors trouvé un compromis : Au début du film, mon personnage principal écoute de la musique avec un casque…j’ai donc décidé de permettre au spectateur d’entendre ce que mon « héros » écoute, et dès qu’il enlève son casque la musique est en sourdine. En gros, j’ai joué avec le son diégétique (son faisant partie de l’action, pouvant être entendu par les personnages du film ; qui relève de la narration) afin de conserver le côté réaliste auquel je tenais.
Et la musique ?
Tom : Je comprends. Tu as fait appel à quelqu’un pour la musique ?
Loïc : Oui, à un compositeur que j’ai trouvé sur le net. Il m’a cédé les droits de deux de ses musiques.
Tom : 20 sur 20, tu m’épates ! Si on résume un peu ton film en terme de jours ?
Loïc : 8 jours de tournage, 7 jours de montage images, 3 de montage son, 2 de mixage et 2 d’étalonnage. 22 jours en tout.
Tom : Défraiement des techniciens ?
Loïc : Oui bien sûr. En revanche si je peux donner un conseil à tes lecteurs ?
Tom : Oui, t’es là pour ça ;o)
Loïc : Dans votre budget prévoyez une enveloppe pour « la bijoute ».
Tom : Pour expliquer ce que c’est, c’est tout le « petit » matériel, les consommables éventuels dont disposent les chefs électro et machino : Des pinces, des drapeaux, des borgnioles etc…Tout ça a un coût, le coût de cette bijoute est à dealer avec le chef machino et/ou électro.
Loïc : Oui…pour ma part j’avais prévu une enveloppe mais pas assez conséquente…et ça peut piquer. C’est toujours mieux si le propriétaire de la bijoute est un ami à vous (rires).
Tom : Oui je me souviens de mes tournages de courts et tu as raison. La première fois que l’on tourne ça peut faire tout bizarre. Écoute Loïc, je pense que l’on a fait le tour. Merci d’avoir partagé ton expérience avec les lecteurs du blog. D’ailleurs j’y pense, tu as tourné avec quoi ?
Loïc : La sony FS7
La diffusion
Loïc : Je l’ai envoyé à Cannes. J’ai été sélectionné au short Film Corner, ça m’a permis de faire des rencontres…d’étendre mon réseau.
Tom : Et la suite ?
Loïc : Festivals etc…une autre facette de la production d’un film : La diffusion. « Plus jamais comme avant » est clairement une carte de visite, un tremplin pour en faire un second. Il faut qu’il soit vu.
Tom : Avec un producteur cette fois ?
Loïc : Oui je viens de terminer l’écriture de ce second court. J’attends les retours des producteurs dont un a déjà manifesté un intérêt particulier.
Tom : Des projets autres que ce prochain court ?
Loïc : Oui, je développe aussi un film documentaire avec un producteur de ma région.
Tom : Je souhaite longue vie à : « Plus jamais comme avant » et je te souhaite le meilleur pour la suite.
Loïc : Merci à toi, c’était sympa.
Voilà pour l’article sur : le partage d’un jeune réalisateur sur le parcours de son premier film produit sans sortir un euro. Je vous mets un autre extrait du film de Loïc :
Plus jamais comme avant (Never like before again) • [Film clip] from Loïc Van Russel on Vimeo.
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