Cette semaine, je me suis rendu compte que je n’avais jamais parlé du métier de producteur. Il est vrai que nous abordons régulièrement le sujet aux travers des différents sujets traités sur « Comment Faire Un Film », mais au fond, je n’ai jamais écrit uniquement sur ce sujet.
On peut distinguer deux sortes de producteurs : Le producteur délégué et le producteur exécutif. Je ne vais m’intéresser dans cet article uniquement au producteur délégué car c’est celui avec lequel vous aurez le plus souvent à faire pour vos scénarios ou vos réalisations. Je consacrerai un autre article/ fiche au producteur exécutif ultérieurement.
Je vais tout de même vous donner la différence entre ces deux métiers :
Le producteur délégué est en charge du projet. Il en est à la source : c’est lui qui trouve le projet, trouve l’argent et monte le budget. Le producteur exécutif, lui, est « engagé » par le producteur délégué pour s’occuper de mettre en œuvre le film. Il est chargé de monter l’équipe et de tourner le film. C’est très vite résumé mais je ne suis pas loin de la vérité ;o)
Producteur délégué
N’oubliez pas que le producteur a véritablement deux casquettes :
– Artistique
– Financière
Il est le maître d‘œuvre du film. Pour cela il doit rassembler les fonds (le financement) pour pouvoir tourner le film. Le producteur a des responsabilités énormes. Il est responsable des dépassements et s’engage à terminer le film vis à vis des investisseurs, des chaînes etc…
Métier producteur
Il faut tout de suite que vous vous enleviez l’image du producteur avide d’argent et prêt à vous spolier. Le plus souvent le producteur n’est pas là pour vous voler votre projet, vous voler tout court ou vous laisser des miettes !
Certes, il y a des producteurs qui sont de véritables gestionnaires et des hommes d’affaires avant tout. Mais le plus souvent (si si j’vous jure) ce sont des gens passionnés par le cinéma et prêts à se battre pour que le projet, votre projet dont il est tombé amoureux, se fasse !
« C’est un métier de tous les instants ! »
Je ne sais pas si vous le savez mais, il y a presque 13 ans maintenant, j’ai monté ma propre société de production…Je sais à quel point ce métier est passionnant, envoûtant…et en même temps extrêmement difficile et précaire pour beaucoup. C’est un métier de tous les instants.
Même s’il y a des écoles aujourd’hui qui proposent des formations, des diplômes pour apprendre la production, je crois vraiment que le métier de producteur ne s’apprend pas à l’école. Certes, il faut avoir des aptitudes ou des connaissances dans la gestion d’une entreprise, il faut savoir entreprendre et bien s’entourer.
Mais au delà de savoir gérer une société, le métier de producteur c’est aussi avoir du nez, une fibre artistique, une vision d’un projet, d’un scénario, bref un producteur doit en premier lieu savoir détecter le bon projet et ça, ça ne s’enseigne pas !
Un bon projet c’est quoi ?
Je ne vais pas m’étendre sur le sujet trop longtemps car c’est le genre de question à laquelle il est très compliqué d’apporter une réponse. Mais je crois qu’un bon projet pour un producteur, c’est une alchimie entre :
– Un bon scénario
– Bon réalisateur
– Les capacités/ la possibilité du producteur à le financer
C’est d’ailleurs ce dernier point qui, pour moi, est le plus important. Car si un producteur trouve un scénario et son auteur/ réalisateur extraordinaires et qu’il n’a pas « les reins » assez solides pour le produire et bien cela ne sert à rien…
Je sais que cela peut vous paraître étrange : « Comment un producteur ne peut-il pas avoir « les reins » assez solides pour financer un film ? Après tout c’est son métier de trouver l’argent. S’il n’y arrive pas c’est qu’il ne connaît pas bien son métier, non ?! »…
Le coût d’un film et son financement, le nerf de la guerre du producteur
…Eh bien non ! Aujourd’hui, un premier long métrage coûte en moyenne 1 million d’euros…En sachant que sur ce million : 60% (en gros) seront juste pour les salaires et les charges, 30% pour les costumes, la bouffe, les camions, l’essence etc…, et 10% pour la technique. Bref, 1 million ça ne se trouve pas sous le sabot d’un cheval !
A la lecture d’un scénario, le producteur sait tout de suite si un film sera cher ou pas. Et s’il s’aperçoit que le film va demander trop de fonds et qu’il aura du mal à trouver ceci et bien ça ne sert à rien. Le producteur passera trop de temps à chercher l’argent sur ce projet et prendra un trop gros risque s’il ne le trouve pas.
Pendant tout le temps ou le producteur cherche des partenaires financiers, il n’est pas payé. Comme nous tous, le producteur a besoin de manger ;o) C’est d’ailleurs pour cela que lorsque l’on monte une société de production, il faut des capitaux importants pour « le fonds de roulement » pour tenir sur la longueur.
Trouver 1 million d’euros n’est donc pas simple et vous n’avez pas 36 solutions :
– Les régions
– Le CNC
– Les banques
– Soficas
– Co-production
– Distributeurs
– Fonds propres du producteur
– Chaîne de tv
– Le crowdfunding (depuis peu)
Le problème c’est que, très souvent, tout est lié. Par exemple vous pouvez avoir une aide des régions. Pour cela, vous devez avoir un producteur (c’est cool c’est vous ;o)) et un distributeur ! Ben oui, pour avoir cet agent il faut rassurer les régions et leur prouver que vous serez diffusé…
Les fonds propres du producteur eh oui !
Sauf que le producteur ne va pas miser sa chemise. La loi l’oblige à financer à hauteur de 5%, 50 000 euros…nous sommes loin du million et en même temps ce ne sont pas des sommes anodines ! J’en reviens d’ailleurs à ce que je disais plus haut, il faut avoir « les reins solides » car cet argent vous le misez quasiment tout de suite…pour développer le projet, les options, droits d’auteur etc…
Il est aussi possible de trouver des co-productions, c’est à dire d’autres producteurs avec d’autres réseaux pour pouvoir augmenter les chances de trouver des fonds (à l’étranger par exemple) mais de ce fait, vous perdrez des parts sur le retour sur investissement. Le coproducteur aura aussi son mot à dire sur l’équipe, le scénario etc. Bref, vous rentrez dans d’autres contraintes.
Il faut donc que le producteur délégué sache s’il va pouvoir produire réellement le scénario ou pas. J’ai d’ailleurs discuté de cela avec un ami scénariste qui me disait qu’une production ne lui avait pas pris son scénario, il y a 10 ans, car le film était trop cher pour le producteur. Il faut entendre par là que le producteur ne se sentait pas capable de le financer mais qu’après 10 ans, la société l’avait rappelé pour en rediscuter !
Il faut donc retenir deux choses de cette histoire :
– Le film que vous écrivez aujourd’hui peut se faire dans 10 ans ! lol
– Un producteur qui vous dit non pour des raisons de budget est un homme sage ;o). Ça ne veut pas dire non plus qu’il ne vous produira pas un jour.
Pour la production de court-métrage, vous l’aurez compris, c’est un peu pareil, tout est lié à un problème de capacité de financement. Un film qui va avoir beaucoup d’effets spéciaux sera plus dur à financer. Mais l’avantage c’est que le court-métrage peut se faire avec peu de moyens certes mais beaucoup d’investissement de temps.
On peut penser à tort que le financement est aussi plus facile pour les montants moins importants, évidemment qu’il n’en est rien. De plus, produire un court-métrage pour un producteur, c’est à coup sûr ne pas gagner d’argent.
Le producteur délégué un métier H24
Une fois que l’on a endossé le « costume » de producteur et que l’on veut bien faire son métier, autant dire qu’il ne faut pas compter ses heures. C’est un métier qui ne s’arrête jamais. Je me souviens qu’une fois ma journée commencée entre 8 heure et 9 heure, je savais que j’allais, la plupart du temps, rentrer tard…très tard..dans la nuit.
Il faut une énergie incroyable. Vous passez du temps à monter des dossiers, lire des scénarios, prendre des rdv avec des auteurs/ réalisateurs, envoyer des films vers les festivals, participer à des commissions, aller à des réunions de producteurs, aller sur les tournages etc…à tel point que dans votre journée vous vous retrouvez à déjeuner en rencontrant les réalisateurs ou à parler de projets.
Puis le soir, vous allez à des projections, des festivals, bref, des manifestations où se retrouvent les gens du cinéma. Car en tant que producteur vous devez être sur tous les fronts. Vous devez vous montrer, être présent et savoir écouter.
Cursus du producteur délégué
Pour devenir producteur, pas forcément besoin de faire d’études…j’en vois qui se lancent dans l’aventure tous les jours. Il faut avant tout bien réfléchir à ce que l’on veut faire et dégager des moyens financiers pour pouvoir « survivre » un certain temps. Il existe des structures, des écoles qui dispensent des formations sur plusieurs années ou plusieurs mois. Les formations sont en général chères, très chères. Il est sûrement possible de se faire payer une partie de certaines de ces formations grâce à des Dif (droits individuels à la formation) ou ce genre de chose.
Il y a l’ESRA, ISCPA, EICAR, CEFPF, LOUIS LUMIERE, CINECREATIS, 3IS etc…
Réellement ces formations tournent autour du directeur de production…
Je sais que DIXIT organise des formations de 5 jours autour du métier du producteur mais la formation coûte 3000 euros !! Franchement… Faut pas pousser mémé !
Une autre solution existe en faisant un Master 2 : métier de la Production cinéma et audiovisuel. Je ne sais pas ce que cela vaut, mais pour obtenir des bases, je pense que cela ne peut pas faire de mal.
Si vous voulez vous lancer, je vous conseille d’essayer d’intégrer une production, même petite, pour « voir » comment cela se passe. Faire un stage, stage d’observation, rencontrer des producteurs, jeunes et moins jeunes et posez-leur des questions. Allez dans les festivals, c’est aussi un bon moyen pour en rencontrer.
Ne vous lancez pas sans y avoir réfléchi. C’est un métier de réseau.
Pour avoir un réseau il faut côtoyer le milieu. Il faut donc se bouger. ;o) Essayer de produire un film en associatif, trouver l’argent, l’équipe, vous entourer et piloter le projet d’un autre. Rien que cette expérience là, va vous faire faire des progrès et vous apprendre énormément. ;o)
Salaire du producteur délégué
Je ne vais pas vous cacher que certains gagnent beaucoup d’argent. Mais ils sont très très rares. La majeure partie des producteurs délégués, qui sont aussi producteurs exécutifs sur des films à budgets normaux, ne gagnent pas des millions. Parfois certains producteurs mettent, dans un premier temps, leur salaire en participation pour que le film voie le jour. Puis en fonction de la gestion de l’argent sur le tournage, ils peuvent se dégager un salaire. Souvent au début les producteurs ne se versent pas de salaires.
Il existe une moyenne, un pourcentage indiqué pour le CNC. Le pourcentage de rémunération d’un producteur tournerait autour de 4,8%, soit pour un budget moyen d’un film à 3,3 millions d’euros, 158 000 euros de salaire. Certes cela peut paraître énorme…Mais il faut savoir qu’un film ne se monte pas en 2 mois ! (Enfin normalement !), parfois il faut plusieurs années…et donc des fonds pour investir sur le développement.
On trouve des tarifs allant de 1 900 à 4 000 euros par mois en fonction du secteur : cinéma ou télévision…
Il y a toujours des exceptions…des producteurs qui gagnent plus…la vérité c’est que si vous voulez devenir producteur pour devenir riche…passez votre chemin ;o)
Voilà pour cet article sur la fiche métier du producteur délégué.
J’espère que ça vous a éclairé sur les possibilités que vous avez et sur ce métier passionnant. Si vous avez des questions, n’hésitez pas à les poster en bas de cet article.
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Tom Weil
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