Le plan séquence, comment ? pourquoi ?

Le plan séquence, voilà un sujet qui est attendu depuis un moment par bon nombre d’entre vous ;o) Il est vrai que ce terme de « plan séquence » fait un peu rêver, moi le premier.

J’ai eu une chance énorme, il y a quelques années, car j’ai pu travailler sur un long métrage composé uniquement de plans séquences…rien que ça ! Mais avant de vous en dire plus sur cette expérience peu courante, je vais vous expliquer ce qu’est le plan séquence, pourquoi il est utilisé et comment, vous aussi, vous pouvez vous en servir aux travers d’exemples de réalisateurs connus et reconnus.

Alors le plan séquence, c’est quoi ?

Comme son nom l’indique, c’est un plan qui couvre toute la séquence de A à Z et qui sera « monté » dans son intégralité. C’est à dire que le monteur ne le coupera pas en intercalant d’autres plans  que l’on appelle plans de coupes, ne fera pas d’effet de volet etc… Le plan qui est tourné sur le plateau sera le même une fois le film terminé.

Quelle est la différence avec un Master ?

Là je sais que j’ai perdu la moitié des utilisateurs du blog lol.  Pour ceux qui suivent les articles depuis le début, vous savez ce qu’est un Master, n’est ce pas ?!

Lors du tournage, il arrive souvent que l’on tourne un Master, c’est à dire un plan qui couvre toute la séquence. Comme un plan séquence en fait ! ;o)

Oui, mais quelle est la différence avec le plan séquence ?

C’est très simple ;o) le Master sert en fait de « fil rouge » à la séquence mais le réalisateur a prévu de faire d’autres plans de la même séquence avec des axes, des focales différentes, des champs contre champs etc…

Une fois que tous les plans sont tournés, le monteur prendra le Master et l’entrecoupera avec les autres plans tournés afin de rythmer la scène, de changer de point de vue etc…

Pourquoi choisir le plan séquence ?

Faire un plan séquence c’est donc prendre un vrai parti pris quant à la mise en scène. Car si vous avez des dialogues, le champ contre champ « classique » vous est interdit. Il faut alors trouver des subterfuges pour le filmer : tourner autour des comédiens, les faire circuler (marcher) et adapter les cadres et les axes en fonction de l’importance du jeu etc…

Avant l’air du numérique (si si, je vous assure, le monde existait déjà ;o)) le plan séquence ne pouvait excéder plus de 10 à 12 minutes car les magasins (logements où on mettait la pellicule, où on met toujours de la pellicule d’ailleurs ;o)) ne pouvaient contenir davantage de pellicule.

D’ailleurs le film le plus connu pour avoir utilisé le plan séquence est « la corde » D’Hitchcock. Car ce film donne l’impression d’avoir été tourné en 1 seul plan séquence, chose impossible à l ‘époque. En fait Hitchcock a utilisé la technique du « volet* » pour nous duper.

Mais je ne vais pas m’attarder sur cet exemple qui a été cité sur de nombreux sites ;o)

*Faire un volet, c’est terminer le plan dans le dos d’un comédien qui cache donc tout le champ de la caméra puis recommence le plan suivant dans un autre endroit, toujours dans le dos d’un comédien qui s’avance et fait apparaître un autre décor.

Aujourd’hui les « volets » sont plus subtils. La plupart du temps le spectateur moyen ne s’en rend pas compte. Le numérique permet des choses assez extraordinaires.

Je me souviens d’un film en particulier qui m’avait bluffé à l’époque de sa sortie en 1998 : Snake eyes de Brian de Palma. Le plan séquence dure 11 minutes, soit le temps d’une bobine de film. J’étais tellement sur le C** que je n’ai pas réussi à voir les possibles « coupes » ou « volets » Car soyons clair, Brian De palma est un génie, mais faire cette séquence en une fois ! pfff non ;o)

Si vous n’avez jamais vu le plan séquence de snake eyes,  voici un lien :

12,5 minutes one shot from stadycam on Vimeo.

Dans un autre style, juste avec un travelling, voilà ce que le plan séquence (et le numérique) peut faire.

Je suis d’accord avec vous lorsque parfois une des séquences de votre scénario est courte et ne nécessite qu’un plan : c’est alors un plan séquence.

Mais comme vous avez pu le voir plus haut avec les deux exemples que je vous ai donnés, on peut donner une autre dimension au plan séquence.

Mais attention vous n’avez pas besoin de bouger dans tous les sens pour être fier de votre plan séquence ou pour lui donner du sens.

Si vous faites un plan séquence fixe sur un ou plusieurs personnages, cela peut avoir un effet bœuf ! Tout dépend de ce que vous voulez raconter ! Ce qui passe pour le plan séquence du siècle chez un réalisateur peut être nul chez un autre, simplement parce que le propos n’est pas le même.

Je reviens donc sur le long métrage que j’ai fait en tant qu’assistant mise en scène où tout le film est composé de plans séquences.

Ce film s’intitule 9mm. Il a été réalisé par Taylan Barman en 2008. Voici la bande annonce :

Le défi de ce film a été de tout préparer et de le répéter un nombre incalculable de fois pour que la prise soit bonne. Parfois la caméra faisait des 360 degrés, il fallait donc éviter la lumière, l’équipe, la perche etc…

Le tournage a été fait principalement au steadicam afin de faciliter les déplacements car le plan séquence prend tout son sens lorsque tout est en mouvement. En gros, le matin nous préparions la séquence (pour les grosses séquences) et dans l’après midi nous tournions….il nous est arrivé évidemment de tourner plusieurs plans séquences la même journée !

Au début de l’article je vous disais que le plan séquence était le « rêve » des réalisateurs, en fait le plan séquence c’est aussi un cauchemar pour nos amis réalisateurs ;o)

Et sinon ça sert à quoi ? Ça raconte quoi ?

Dans 9mm, le réalisateur nous montre 3 points de vue, celui du fils, du père et de la mère. Le plan séquence permet donc une identification plus forte aux personnages. Le spectateur est plongé dans son univers, il colle à la peau du héros. Le plan séquence donne aussi une impression de temps réel, ce qui accentue l’immersion du spectateur.

Je vous propose un petit exercice tout simple. Voici une liste de films où il y a des plans séquences. Certains films sont cultes, amusez-vous à revoir ces films, trouvez les plans séquences et parlons-en ;o)

–       Les affranchis

–       Old boy

–       Shining

–       Le bûcher des vanités

–        l‘impasse

–       Panic room 

–       La guerre des mondes

–       Jacky Brown

Pour finir voici, comme pour l’article de mercredi, une vidéo de 7 minutes qui explique ce qu’est le plan séquence. Je trouve l’explication plutôt moyenne. Ils ne se sont pas vraiment cassés la tête mais vous comprendrez la difficulté et la préparation qu’un tel plan nécessite.

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A bientôt.

Tom Weil

À PROPOS DE TOM WEIL

Tom Weil

Je m’appelle Tom Weil, je suis assistant réalisateur pour le cinéma et la télévision et comme vous pouvez vous en douter je suis passionné de cinéma depuis tout jeune. J’ai crée ce site il y a presque 3 ans maintenant pour vous apporter mon aide…

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