Que vous souhaitiez vous faire produire ou non, le plan de financement va forcément être un élément que vous devrez maîtriser. Cette semaine nous avons reçu un commentaire sur « Comment Faire Un Film » qui nous a fait dire qu’il fallait peut-être revenir sur ce sujet pour que tout le monde comprenne son importance.
Nous vous laissons lire la question de SEF :
« Bonjour à tous, J’ai une question qui me bloque depuis quelque temps, et j’espère que vous pourrez m’apporter une réponse.
Voila j’ai monté un dossier pour faire une demande de subvention pour un court métrage, en tant qu’association, auprès de la région qui nous demande :
– un contrat cession droit?
– et lettre d’engagement?
Problème je n’ai aucune idée de comment fournir ce document?
Le contrat cession droit signifie t-il :
que l’auteur doit nous céder les droits a nous en tant que Association?
Et dernière question comment établit-on un plan de financement qui nous est également demandé?
Merci l’Equipe et bon Weekend. »
Comme vous avez pu le lire, SEF pose des questions qui sont toutes liées entre elles.
Pourquoi ?
Simplement parce qu’un producteur, qu’il soit associatif c’est à dire vous le plus souvent, ou qu’il soit une société de production, a besoin de détenir les droits du film pour lequel vous demandez une subvention ou de l’argent en général.
L’auteur doit donc céder ses droits à l’association ou à la production.
Pourquoi ? De cette manière l’auteur donne « tous les pouvoirs » au producteur, ici l’association, pour trouver les financements et parler en son nom. Cette cession de droits doit se faire même si l’auteur est aussi le producteur !
Donner mes droits JAMAIS !!
Donner ses droits ne veut pas dire, pour un scénariste, un auteur, d’être dépouillé de la paternité de son œuvre. Pour tout dire les droits de l’auteur reste à celui-ci. En fait, l’auteur cède uniquement ses droits d’exploitation. Avec un contrat de cession de droits l’auteur donne son consentement pour que l’association ou la production produise son film…de cette façon, l’auteur et le producteur sont liés. Cela prouve à la commission et aux financeurs qu’ils sont d’accord pour faire le projet ensemble.
Céder les droits ne signifie pas que l’auteur abandonne tout de son projet pour l’éternité ! La cession de droits doit se faire sur une durée bien définie (en général 1 an). Une fois passé ce délai l’auteur récupère ses droits d’exploitation et peut les proposer à une autre société de production.
L’association ou la production a donc pour but de percevoir et de répartir les rémunérations du et/ou des auteurs suite à la production et l’exploitation du film.
Et le plan de financement ?
Le plan de financement…c’est un peu plus compliqué à expliquer comme ça. Mais en gros c’est ce qu’il vous faut comme argent pour réaliser le projet.
ATTENTION ce n’est pas le devis !!! C’est comment vous faites en tant que producteur pour trouver l’argent dont vous avez besoin pour faire le film.
Pour être plus clair. Le devis c’est la liste de tous les postes dont vous avez besoin et combien va vous coûter chacun d’eux.
Les postes sont divisés en plusieurs grandes catégories comme :
1. Droits artistiques
2. Personnel
3. Interprétation
4. Charges sociales
5. Décors et costumes
6. Transports, défraiements, régie
7. Moyens techniques
8. Pellicules, laboratoires
9. Assurances et divers
10. Frais généraux : De 7 % à 10 %
11. Imprévus : Soit 10 % de l’ensemble du budget prévisionnel.
Une fois cette liste faite vous savez, par exemple, que votre film va vous coûter 130 400 euros. Oui, pour un court-métrage !!
Nous prenons une grosse somme exprès car ça a son importance et vous allez voir qu’en fait cette somme n’est pas si énorme que ça pour un court-métrage…pour un plan de financement.
Exemple d’un plan de Financement
Voici une idée de ce à quoi doit ressembler un plan de financement (les pourcentages ne sont pas bons!!!, c’est juste pour vous donner une idée!!!) :
PLAN DE FINANCEMENT | ||||
Titre du projet : Comment Faire Un Film | ||||
MONTANT Euros | % part française | Indiquer si financement acquis ou non | ||
A – FINANCEMENT FRANCAIS | ||||
I. Producteur délégué français | 86 400,00 | 12% | ||
Nom: 2C&TW Productions | ||||
I.1 Apport investi à titre personnel | 3400,00 | |||
Numéraire | 3 400,00 | 2,60% | acquis | |
Industrie | 75 000,00 | 57,5% | acquis | |
I.2 Préventes de droits (vidéo, distribution…) en France | 0,00 | |||
Nom: | 0,00 | |||
Nom: | 0,00 | |||
I.3 Concours privés (parrainage, crowdfundingr, apports sans contrepartie) | 0,00 | |||
Nom: KickStarter | 8 000,00 | 6,1% | En cours | |
II. Coproducteur délégué | 0,00 | |||
Nom: | ||||
II.1 Apport investi à titre personnel | 0,00 | |||
Numéraire | 0,00 | |||
Industrie | 0,00 | |||
II.2 Préventes de droits (vidéo, distribution…) en France | 0,00 | |||
Nom: | 0,00 | |||
Nom: | 0,00 | |||
II.3 Concours privés (parrainage, sponsor, apports sans contrepartie) | 0,00 | |||
Nom: | 0,00 | |||
III. Autre(s) coproducteur(s) français | 0,00 | |||
Nom: | 0,00 | |||
Nom: | 0,00 | |||
MONTANT Euros | % part française | Indiquer si financement acquis ou non | ||
IV. Investissement(s) SOFICA | ||||
Nom: | 0,00 | |||
Nom: | 0,00 | |||
V. Apport des diffuseurs français | 0,00 | 0% | ||
V.1 Apport 1er diffuseur français | 0,00 | 0% | 0 | |
Nom: ARTE | ||||
(Dont apport en numéraire :……………………………………€) | ||||
dont part antenne | 0,00 | |||
dont part coproducteur | 0,00 | |||
V.2 Apport 2ème diffuseur français | 0,00 | |||
Nom: | ||||
(Dont apport en numéraire :……………………………………€) | ||||
dont part antenne | 0,00 | |||
dont part coproducteur | 0,00 | |||
V.3 Apport 3ème diffuseur français | ||||
Nom: | ||||
(Dont apport en numéraire :……………………………………€) | ||||
dont part antenne | 0,00 | |||
dont part coproducteur | 0,00 | |||
VI. Total compte de soutien demandé | ||||
VI.1 Soutien total demandé par le producteur délégué | 0,00 | |||
aide au réinvestissement | 0,00 | |||
aide au réinvestissement complémentaire | 0,00 | |||
aide à l’investissement | 0,00 | |||
VI.2 Soutien total demandé par le coproducteur délégué | 0,00 | |||
aide au réinvestissement | 0,00 | |||
aide au réinvestissement complémentaire | 0,00 | |||
aide à l’investissement | 0,00 | |||
MONTANT Euros | % part française | Indiquer si financement acquis ou non | ||
VII. Autres apports de l’Etat ou d’un de ses établissements | 30 000,00 | 23% | ||
Nom: REGION | 30 000,00 | 23% | demandé | |
Nom: | 0,00 | |||
SOUS-TOTAL COSIP + APPORTS DE L’ETAT (VI + VII) | 0,00 | |||
IX. Autres financements | 6 000,00 | |||
PROCIREP | 6 000,00 | 4,6% | acquis | |
Communauté européenne | 0,00 | |||
Autres (à préciser) | 0,00 | |||
TOTAL FINANCEMENT FRANCAIS | 36 000,00 | 27,6% | ||
MONTANT Euros | % devis | Indiquer si financement acquis ou non | ||
II.4 Autres financements | ||||
Nom: | 0,00 | |||
TOTAL GENERAL | 130 400,00 | 100% |
Explication du plan de Financement et de ses subtilités
Comme vous pouvez le voir, sur l’exemple ci-dessus, Il faut mettre la part producteur (ce que l’association met dans le projet). Cela peut être de la valorisation, c’est à dire la colonne « industrie » c’est à dire les salaires (de l’équipe). L’industrie c’est ce que vous auriez dû payer mais que vous ne payez pas parce que vous l’avez dealé : participation des techniciens, ristourne sur le matériel, matériel gratuit etc…)
Exemple de valorisation du tableau :
Vous mettez la valorisation de ce que ça aurait dû vous coûter d’engager l’équipe technique, par exemple 75 000 euros pour 5 jours de tournage. Cette somme est un exemple, nous n’avons pas fait le vrai calcul d’une équipe complète sur 5 jours.
Mais nous allons un peu vite. Avant cela, il faut indiquer ce que vous avez déjà dépensé pour le projet (dossier, déplacements etc..). Si vous avez engagé 300 euros, vous mettez devant apport personnel producteur, puis dans la colonne numéraire 300 euros. Dans notre exemple nous avons mis 3 400 euros. C’est de l’argent que vous avez dépensé !! Donc gardez les factures etc…elles sont des preuves pour une éventuelle vérification des comptes.
En deux lignes vous avez déjà trouvé 78 400 euros sur les 130 400 euros.
C’est con mais ça compte ! Car la commission verra que vous savez de quoi vous parlez. Mais ATTENTION, la commission n’est pas dupe. Elle sait que sur les courts-métrages personne n’est payé, ou rarement.
Inutile de demander à cette commission les 52 000 euros manquants ! Ce n’est pas possible, la commission saura qu’elle est votre seule, ou presque, vrai financeur et ce n’est pas possible. Pour deux raisons :
1) une commission ne peut pas aller au delà de son plafond d’aide
2) Elle ne peut pas financer plus de 50% du budget de votre film
Voilà pourquoi il faut tout compter. Si vous avez besoin de 25 000 euros pour votre film et que la commission que vous sollicitez peut vous donner 30 000 euros…Vous ne pourrez pas demander plus de 12 500 euros…soit 50% du budget. Vous perdez donc 17 500 euros par mauvaise connaissance des usages et des règlements.
En comptant tous les postes et en les valorisant vous « gonflez » le budget, sans pour autant « mentir ». De cette manière vous enlevez un frein important étant donné que la somme que vous demandez à la commission est bien en dessous des 50% du budget total.
À vous de trouver, le reste de l’argent ailleurs :
- Pré-achat ou vente TV
- CNC
- Une autre région
- Un co-producteur étranger etc…
- Adami
- apport en industrie (caméra, lumière etc…) supplémentaire
- Financement privé
- Crowdfunding
L’important c’est que la commission ou les financeurs voient que vous avez du cash autre que l’argent perso ! Le crowdfunding fait toujours son effet.
Autre chose importante c’est de montrer à vos financeurs où vous en êtes. Voilà pourquoi il est important, dans votre tableau, de mettre :
- Acquis
- Demandé
- En cours
C’est quoi la différence entre demandé et en cours ?
C’est simple :
» En cours » c’est un dossier que vous avez envoyé ailleurs.
« Demandé », c’est l’argent ou l’aide que vous demandez à la structure ou au financeur à qui vous envoyez le dossier.
« Aquis », c’est ce que vous avez et vous pouvez le prouver ! Lettre d’engagement, lettre de soutien, contrat, virement bancaire etc…
Mettre le pourcentage de ce que représente l’aide demandée est aussi primordial. Car, de cette manière, la commission peut évaluer très vite ce que représente son aide. Là c’est un outil à double tranchant, voilà pourquoi il ne vaut mieux pas « mentir » sur ce que vous avez ou pas.
Si le pourcentage demandé est trop faible, la commission préfèrera peut-être aider une association ou une production qui en a plus besoin que vous. Étant donné que le pourcentage est faible, la commission pourra se dire que cela ne mettra pas en péril votre projet.
Ou au contraire si le pourcentage est trop élevé, la commission comprendra que, sans elle, le projet ne pourra pas se faire car vous n’avez pas d’autre source de financement…ce qui est un risque trop grand et pénalise d’autres projets mieux financés.
Il faut trouver le bon équilibre
Ce que nous venons de partager avec vous…vaut de l’or en barre ! Et ce n’est qu’une partie de la partie visible de l’iceberg sur le financement d’un court… Imaginez ;o)
Voilà pour l’article sur : Le plan de financement, les bases indispensables !
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A bientôt,
L’équipe de Comment Faire Un Film
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