Directeur de production : le parcours atypique de Laurent Chiomento

Je vous présente aujourd’hui un échange que j’ai pu avoir avec un ami, Laurent, qui exerce le métier de directeur de production, que j’ai rencontré sur le tournage des « petits meurtres d’Agatha Christie ». Il vous expliquera ce qu’est son métier et vous parlera de son parcours.

 

Tom : Parle-moi un peu de ton parcours : tes études…

 

Laurent : J’ai 50 ans, et je suis directeur de production sur « les petits meurtres d’Agatha Christie » qui se tourne depuis 10 ans. A vrai dire, j’ai un parcours professionnel un peu particulier. Après la 3ème, j’ai fait un BEP comptabilité, puis j’ai eu la chance après d’intégrer une 1ère gestion de comptabilité. La compta telle qu’elle était ne m’intéressait pas.

J’aimais l’audiovisuel parce que je faisais des documentaires que je présentais à des gens lors d’événements payants, où ceux-ci débattaient par après.

La photographie aussi m’intéressait. J’ai appris à cette époque que des BTS audiovisuel avec gestion de production allaient voir le jour. Mon but était de pouvoir intégrer mon parcours de comptabilité dans l’audiovisuel.

T : Et surtout que le cinéma dans le pas de calais, c’était un peu mort…

 

L : Oui, je ne savais pas quoi faire, je savais que j’allais poursuivre mes études mais je ne savais pas où j’allais. Donc je suis entré dans ce BTS. L’avantage de ces BTS est qu’ils allaient pallier à de futurs besoins parce que la télévision se développait. En 1984, il n’y avait pas encore toutes les déclinaisons de chaînes qu’on a actuellement.

T : Tu as fait des stages ?

 

L : Oui, j’ai fait un stage pour SFP et France 3, que j’ai trouvé moi-même. SFP, c’était quand même une grosse boîte (coucou c’est nous de Dechavanne…).

Je suis ensuite parti à l’armée et je suis entré dans le centre audiovisuel de l’armée. Je recevais toutes les personnes qui venaient pour 3 jours. Beaucoup de visites étaient organisées et mon objectif était de les filmer pour en faire un petit journal vidéo. Les 9 mois se sont passés et Germinal se tournait dans la région. J’ai rencontré le régisseur général de l’époque qui travaille maintenant à la Gaumont. L’entretien s’est bien passé ! J’ai donc été stagiaire régie à l’essai pour 3 mois puis finalement je suis resté 1 an.

T : T’es rentré tout de suite dans le grand bain !

 

L : Effectivement. C’était LE producteur (Claude Berry NDRL) de l’époque, il travaillait avec Gérard Depardieu, Jean Carmet etc. C’était très impressionnant. J’étais un peu flippé, j’étais comme un fou mais comme je n’avais pas de référence je ne savais pas si c’était normal, si c’était exceptionnel. Je me suis rendu compte bien après que c’était très exceptionnel. Je me réveillais la nuit j’avais l’impression qu’on m’appelait au talki. (*rire*)

T : C’était une grosse équipe ?

 

L : Une soixantaine environ. C’était énorme.

T : Tu faisais quoi exactement ?

 

L : Les bases de la régie : la table régie, et l’installation de toute la logistique puisque à chaque fois qu’on déménageait il fallait réinstaller tous les locaux. Puis, à l’époque, on n’avait pas de tél portable ; l’organisation était plus compliquée. J’étais jeune, je me suis retrouvé avec des figures du cinéma français. C’est impressionnant !

J’ai terminé mon contrat pour tourner ensuite avec Mathilde Seigner, pour un film qui se passait dans les mines. C’est le bouche-à-oreille qui s’est fait. Film que je n’ai pas pu terminer puisque le régisseur général de Germinal m’a appelé afin de venir à Paris pour faire La Machine (avec Depardieu).

 

T : Ce qui m’étonne dans cette anecdote, c’est de savoir comment un régisseur général qui est à Paris, pense à un « petit mec » de Lille ?

 

L : A l’époque je ne comprenais pas mais je me suis rendu compte que j’ai dû bien faire mon travail parce qu’il fallait des gens compétents, et je bossais dans des petites équipes donc pas le choix que d’être compétent.

T : En réalité, tu te bouges un peu le cul et tu peux trouver du boulot !

 

L : Exactement.

T : Dans ton parcours cinéma, t’as fait des films où j’aurais pu tuer pour faire partie de l’équipe (*rire*) : Les 3 frères où tu as été assistant régie, Didier (1er film d’Alain Chabat), tu tapes toujours dans le haut du panier. Tu as toujours été basé à Lille ?

 

L : Oui, je ne voulais pas aller sur Paris.

T : Mais t’as beaucoup travaillé là-bas quand même ! Jason Bourne t’étais régisseur général, Camping aussi, tu as travaillé sur « Un dimanche de fiançaille » avec Gad Elmaleh etc.

 

L : Oui ! Je ne me suis pas arrêté ! Je surfe sur une bonne vibe, je ne me pose de question, devenir régisseur général puis directeur de production, c’était pour moi une continuité logique. Je mesure la chance que j’ai eu. Je me dis toujours que je le méritais certainement.

Maintenant, on peut plus m’appeler parce que Paris est accessible, Mais aujourd’hui c’est très compliqué de bosser à Paris, les régions se sont développées, avec les aides de régions etc., les producteurs ont compris que c’était pas plus cher de tourner en région qu’à Paris.

T : Tu es aussi co-régisseur général sur un film qui est important pour moi : le pacte des loups avec des acteurs de malade (Samuel Le bihan et Vincent Cassel, Monica Bellucci). Ce film me marque parce que c’est un film grand spectacle.

 

L : Très bon souvenir parce que quand j’ai vu le scénar je me suis demandé si on avait les moyens de faire ce film-là. C’est vrai que Samuel Hadida (le producteur : NDRL) connait un peu le système, on savait quand même qu’il y avait un peu d’argent et qu’on pouvait faire un truc bien. Un des plus gros budgets de l’époque d’ailleurs. Superbe expérience !

T : T’as une carrière incroyable jusque-là. Aujourd’hui t’es directeur de production. Peux-tu nous dire en quoi ça consiste ?

 

L : En 2 mots c’est le garant d’une société de prod qui est gérée par un producteur. C’est le garant d’un projet qu’on va lui confier pour le mener à bien de A à Z.

T : C’est-à-dire qu’un producteur te donne un scénario et une enveloppe ?

 

L : Je regarde si ça rentre ou pas. Sinon on en discute. Mais je fais en sorte que ça rentre dans cette enveloppe et de faire le film dans les conditions définies au départ.

T : Qu’est ce qui te donne envie de passer d’un métier à l’autre ?

 

L : J’ai fait 15 ans de régie donc j’ai fait le tour. J’avais envie de voir autre chose puis c’est une suite logique dans la carrière. J’avais pas vraiment déterminé ça en terme de timing mais j’aurais pu continuer en régie générale mais les opportunités de la vie ont fait que tu décides ou pas d’y aller. Un petit truc me disait qu’il fallait que j’y aille.

 

C’est la fin de cette première partie de l’interview ! On se retrouve d’ici quelques jours pour la suite de l’interview, Laurent vous expliquera son métier et les stages possibles dans le métier. Restez connectés !

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À PROPOS DE TOM WEIL

Tom Weil

Je m’appelle Tom Weil, je suis assistant réalisateur pour le cinéma et la télévision et comme vous pouvez vous en douter je suis passionné de cinéma depuis tout jeune. J’ai crée ce site il y a presque 3 ans maintenant pour vous apporter mon aide…

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