lieu de tournage
Les repérages Partie 2
décor de film… Cette semaine nous continuons notre tour d’horizon de la préparation d’un film avec la deuxième partie de ce que sont les repérages. Car trouver ses lieux de tournage c’est tout simplement mettre toutes les chances de votre côté pour que votre film soit bon.
Une fois que vous avez trouvé votre (vos) décor(s) :
Comment faire avec les propriétaires ?
Doit-on parler d’argent ?
Comment les rassurer ?
Comment convaincre un propriétaire pour un lieu de tournage ?
J’ai une règle ! Je ne parle jamais d’argent avec les propriétaires, JAMAIS ! Je ne donne pas non plus de fourchette de prix car il y a souvent un gros écart entre les budgets d’un film indépendant bien financé ou d’un téléfilm ou d’un court métrage. Vous devez laisser le régisseur général s’en charger. En revanche si vous faites un court-métrage et que vous n’avez pas de moyen t que c’est vous qui dealez les décors, alors annoncez la couleur tout de suite ! vous n’avez pas d’argent et vous recherchez un partenaire (mention au générique, invitation a la première, proposez de la figuration etc..)
Au delà de l’argent, les propriétaires doivent d’abord accepter un tournage pour « l’expérience » ou « voir » ce que c’est. Certes le côté financier est important mais ne doit pas être la motivation première.
Il est important aussi de bien expliquer ce qu’implique l’accueil d’un tournage chez soi.
– On peut repeindre vos murs
– On peut vider la maison de ses meubles
– C’est 40 personnes qui débarquent chez vous
– Vous ne pouvez pas vivre chez vous pendant le tournage
Évidemment un état des lieux est fait avec le régisseur général et le propriétaire avant que l’équipe n’investisse les lieux. Puis un état des lieux est fait après le tournage avant que le propriétaire ne revienne chez lui. Au moindre problème : casse, rayure, mauvaise remise en état des peintures, parquet abîmé etc…l’assurance prise par la production fera son travail.
Si les propriétaires ne peuvent pas rester chez eux pendant le tournage parce que celui-ci se déroule sur plusieurs jours, la production les relogera.
Voici « All Good Children », un long-métrage Anglo-Franco Belge sur lequel j’ai travaillé plusieurs mois en tant que repéreur et assistant réalisateur. Il fallait trouver un château en rénovation assez grand pour accueillir l’équipe. Il ne fallait pas qu’il soit hors normes afin que l’on puisse adhérer au fait qu’une famille l’ai acheté pour y vivre tout en s’occupant de sa restauration. Les contraintes étaient nombreuses. Il ne fallait pas de vis à vis ou d’habitations modernes trop proches. Le château devait avoir une forêt privée, un étang et une ferme au carré comme voisin. Ce décor devait forcément (pour des raisons économiques et de subventions) se trouver dans le Nord-Pas-de-Calais.
Comme vous pouvez le voir, toutes les contraintes ne jouaient pas en ma faveur. Il a donc fallu que je prenne des décisions afin de pouvoir faire des propositions à la réalisatrice (Alicia Duffy) et tout ça dans la langue de Shakespeare !!!
Peut-on présenter tous les décors ?
Hélas non ! Comme je le disais au début de cet article, chercher des décors nous contraint à tenir compte de certains impératifs autres qu’artistiques. Il faut en effet tenir compte aussi des aspects : financier et technique.
Combien de fois suis-je tombé sur un décor extraordinaire mais dont l’endroit était trop bruyant et où l’accès aux camions techniques impossible. Sans compter que chaque déplacement d’un décor à l’autre prend du temps et coûte de l’argent. Les décors doivent tous être regroupés dans le même secteur. C’est pour cela qu’un décor trop éloigné des autres ne sera pas à retenir ou retenu…
Y a t-il des décors introuvables ?
C’est une question pertinente ! Il se peut parfois que la vision que se fait le réalisateur de son décor idéal ne corresponde en rien à ce qui existe dans la zone où nous devons chercher. C’est d’ailleurs pour cela que le métier de repéreur est un métier à part ! Nous sommes aussi là pour confronter le réalisateur et sa vision artistique à la réalité de ce qui existe.
Avec l’expérience, la connaissance du terrain et la compréhension de l’univers du réalisateur et de son histoire, il devient possible de lui proposer le meilleur décor aussi bien sur le plan artistique que sur le plan technique.
A force de travail et de recherche nous nous bâtissons une base de données des décors qui nous permet parfois d’affiner nos recherches en faisant des propositions au réalisateur.
Un film est toujours en perpétuel mouvement, ce n’est pas parce qu’un réalisateur a idéalisé un décor qu’il ne va pas s’adapter à la réalité des repérages. A l’inverse, un repéreur ne doit jamais se reposer sur sa connaissance du métier. Il doit toujours repousser ses limites pour offrir le meilleur décor possible.
Revenons à « All Good Children » dont je parlais plus haut. Le château idéal qu’Alicia Duffy (la réalisatrice) avait en tête n’existait pas ! Car chaque fois que je trouvais un château qui pouvait correspondre, soit la ferme n’était pas juste à côté ou bien elle n’était pas au carré ou encore elle ne plaisait pas à Alicia. Sans compter que l’étang devait être d’une certaine superficie, bordé d’une forêt immense, bref le problème restait entier. J’ai donc dû trouver des décors proches les uns des autres et complémentaires dans ce qu’ils pouvaient dégager. Je vous laisse découvrir ce que cela rend en visionnant le trailer du film.
Pour terminer : que vous fassiez un court-métrage, un long ou un téléfilm n’oubliez pas une chose ! : Respectez le propriétaire et le lieu dans lequel vous tournez !!!!
Ne pratiquez pas la politique de la terre brûlée ! UN décor auquel vous faites attention est un décor dans lequel vous pouvez tourner à nouveau.
Avec quoi peut-on faire des repérages ?
Personnellement j’ai un appareil photo Lumix qui me suffit amplement. Mais depuis quelques temps maintenant, les productions désireuses d’aller toujours plus vite acceptent, sur certains projets, de recevoir des photos de repérages faites avec un Iphone (ce fut le cas sur le dernier repérage que j’ai fait la semaine dernière !).
J’utilise aussi une super application pour ça : C’est Panascout (en cliquant vous aurez une version gratuit pour le tester) que vous trouverez dans la section application pour assistant réalisateur/ réalisateur.
Voilà pour le côté pré-production. Maintenant les étapes qui suivent se font plus ou moins dans le même temps mais nous verrons cela la prochaine fois.
– Dépouillement
– Casting
– Plan de travail
– Repérage technique
– Autorisation de tournage
J’essaie toujours d’être le plus clair possible dans mes explications mais si vous avez des questions n’hésitez pas à me laisser un petit message.
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A bientôt,
Tom Weil
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