Les Règles Pixar pour écrire un scénario 1 à 5

Les 22 règles pour raconter une histoire (Pixar ou presque)

Règles 1 à 5

Bonjour à tous. Cette semaine, je vais continuer à parler personnage et scénario. Cela fait un moment que j’hésite à poster cet article car ces 22 règles vous pouvez les trouver un peu partout sur le net…et puis je me suis dis que peut-être certains d’entre vous n’en avaient jamais entendu parler. Voilà pourquoi j’ai changé d’avis et pourquoi je vous livre aujourd’hui ces 22 règles qui sont, pour la plupart, des règles de bon sens. Je voulais vous les livrer d’un coup, mais je suis en tournage actuellement pour une grosse série et je manque de temps. Voici donc les 2 premières règles.

Dans un premier temps, je vais vous expliquer pourquoi j’ai mis Pixar entre parenthèses. En faisant quelques recherches vous allez vous apercevoir que ces 22 règles sont nommées : Les 22 règles pour écrire une histoire selon pixar…en vérité ce n’est pas tout à fait exact, ce ne sont pas des règles que Pixar adopte à la lettre ou les applique comme une sacro sainte religion, ce sont juste des constats que des membres de chez Pixar ont fait et ils en ont établi ces règles.

structure scénario pixar

catwalker/ shutterstock

D’ailleurs je vais vous mettre tout de suite un lien vers un E-book gratuit (mais en anglais) écrit par Stephane Vladimir Bugaj qui a été auteur/ réalisateur chez Pixar. Comme sur son site, il permet à tout le monde de télécharger et de parler de son E-book. Je vous mets le lien ici : Télécharger l’E-book 

Vous pouvez aussi aller voir le site de Stéphane Vladimir Bugdaj ici (en anglais).

Pour ceux qui ne parlent pas anglais voici la synthèse des 22 règles avec des ajouts en plus ;o)  :

1) L’admiration du personnage pour ce qu’il tente de faire et non pour ce qu’il réussit à faire.

Le voyage du héros et le voyage initiatique sont là pour raconter la transformation de vos personnages. Nous aimons les voir se battre et se dépêtrer des toutes sortes de situations et au fond peu importe s’ils réussissent à passer avec succès ou non toutes les situations. Le piège dans lequel tombent beaucoup de scénaristes et d’apprentis scénaristes c’est qu’ils s’attachent énormément à leurs personnages et ont tendance « à leur faciliter la tâche » et n’osent plus vraiment les mettre en réelle difficulté ou leur faire du mal. Comme je vous le dis depuis les deux dernières semaines c’est le conflit et l’attraction qui fait que l’histoire avance et est intéressante. L’empathie et l’identification que nous pouvons éprouver pour nos personnages tiennent au fait qu’ils soient crédibles mais surtout à leur aptitude à faire face à des situations compliquées.

Si vous regardez un film où le héros réussit tous les défis et les obstacles qui se dressent devant lui et bien il y a une forte chance pour que vous (le public) vous désintéressiez de l’histoire.

Il est donc important d’avoir un bon équilibre entre les réussites de votre héros et les défaites. Il ne faut pas que votre héros soit parfait. Ce qui va permettre de générer l’empathie et l’identification du public c’est un personnage proche d’eux. La plupart du temps les gens ont une image d’eux-mêmes plutôt « normale » voire banale. Ils voient surtout leurs points faibles et regardent le long chemin qu’il leur reste à parcourir plutôt que leurs points forts. Un personnage comme cela remportera une plus forte adhésion du/des spectateur(s).

Ce genre de personnage est classique : C’est Monsieur tout le monde qui tente de faire ce que seuls les gens « spéciaux » arrivent à faire.

Il y a toujours des contre exemples : John Mclane et Indiana Jones qui sont toujours au cœur de l’action sont aussi appréciés car ils sont sensibles, vulnérables, que cela soit physiquement ou émotionnellement.

C’est dans ce cas de figure que les scénaristes doivent se demander si leur héros doit à tout prix être admiré ?

La réponse est non ! Il faut surtout que le personnage soit intéressant, attirant plutôt qu’il soit admiré. C’est d’ailleurs pour cela que vous pouvez créer un héros antipathique, méprisable etc…C’est aussi dans ce contexte qu’un personnage qui échoue plus qu’il ne réussit devient intéressant.

Et les supers-héros ? Ils ont l’habitude de tout réussir et que tout soit facile pour eux. C’est pourquoi l’histoire les amène à protéger, aider, faire quelque chose de très important comme sauver le monde. D’ailleurs le but du méchant dans ces histoires c’est de tout simplement bouleverser l’équilibre. Et créer du conflit.

A chaque conflit, chaque passage difficile, le héros fait son chemin, il se transforme ! (C’est l’arc transformationnel dont je parlais la semaine dernière).

Vous pouvez utiliser ce principe en racontant une histoire où votre héros n’a pas de conflit direct. C’est à dire que c’est sa propre vie qui devient la source de ses problèmes. Toutefois, cette approche est assez rarement employée.

storytelling pixar

2) Écrire pour votre public et pas pour vous

Pourquoi quelque chose, un sujet ou un thème intéressant pour vous ne le serait pas pour le public ? Il est important que les scénaristes prennent du plaisir et écrivent des histoires qu’ils aiment. Sinon ça ne sert pas à grand chose d’écrire.

Cette question pose en fait une vraie question. Car, au fond, tous les scénaristes écrivent des histoires qui les intéressent et qui seront intéressantes pour le public. Mais ce qu’il faut garder à l’esprit c’est à qui est destiné le scénario ?! C’est à dire qui va lire le scénario et non pas qui verra le film réalisé.

Pour la plupart vous écrivez un spec-script, c’est à dire un scénario original et non pas un scénario commandé par un producteur. Et que si vous voulez signer une option ou vendre votre scénario, il va falloir faire attention à ne pas utiliser un langage trop littéraire, par exemple, ou de faire des didascalies/ descriptions trop longues ou romanesques ou encore de faire trop parler votre personnage en voix off plutôt que de le faire passer à l’action.

En revanche, si vous écrivez un scénario que vous voulez réaliser et produire vous-même, vous pouvez vous permettre de plus grandes libertés sur la présentation ou sur le contenu. Mais n’oubliez pas que votre scénario sera lu par l’équipe technique, les comédiens et qu’il faut qu’il soit compris par tout le monde pour que vous retrouviez ce que vous avez écrit à l’écran. Si vous ne pouvez pas expliquer vos idées simplement c’est que vous ne pourrez pas les transformer en images.

En revanche si vous tournez un film à petit budget, voire sans budget, il faut y aller à fond. C’est le moment de tester des choses, des plans etc…il faut que cela soit votre laboratoire, votre terrain de jeu. C’est grâce à cet entraînement que vous pourrez vous améliorer et parfois obtenir des résultats bluffants.

Si votre but c’est d’écrire un scénario et de trouver une production, une équipe pro, un distributeur etc…alors il faudra écrire votre scénario comme il se doit : présentation, description courte et visuelle, avoir une bonne structure etc…

Bref il faut aller à l’essentiel.

Une erreur que font les scénaristes (les jeunes scénaristes) c’est de vouloir en faire trop, d’être trop démonstratifs comme dans l’exemple ci-dessous :

« Il la regarda comme s’il se disait : Comment peux-tu penser ça de moi  après toutes ces années ?»

Ce n’est pas vraiment la forme qu’il faut adopter dans un scénario car un simple regard ne peut pas en dire autant sur ce que pense le personnage. Vous devez donc faire attention a ce que vous voulez faire passer et ce qui va être possible pour votre comédien. Dites-vous que vos comédiens vont devoir faire passer les intentions que vous avez écrites dans votre scénario et cela va être difficile si vos indications sont dans le subjectif plutôt que dans l’action et n’utilisez la voix off que très rarement.

N’oubliez jamais que le but d’un scénariste, au delà de créer une histoire et des personnages, c’est de créer un « outil » qui va permettre au réalisateur et son équipe de créer des images. Au plus votre façon d’écrire va être subjective et non démonstrative au moins votre scénario pourra être transformé en film.

L’écriture d’un scénario est la première pierre d’un travail en équipe et d’un processus artistique.

structure scénario pixar

Christian Bertrand / Shutterstock.com

3) Votre histoire évolue jusqu’à la fin de l’écriture et bien après.

Il ne faut pas penser qu’une fois votre premier jet terminé que l’aventure de l’écriture s’arrête là. C’est d’ailleurs le contraire. Il faut penser qu’une fois votre histoire terminée et bien il va falloir la réécrire. Car l’histoire évolue pendant l’écriture et après. Il est important d’arriver au premier jet de votre scénario car une fois cela fait votre scénario ne sera plus imaginaire, il sera couché sur le papier, il sera réel et à partir de ce moment là vous pourrez le retravailler.

Il serait fou aussi de commencer à écrire sans avoir une thématique et sans connaître la fin de votre histoire. Si vous décidez tout de même de commencer votre scénario sans connaître la fin, attendez- vous à en payer le prix fort ! ça veut dire quoi ? Construire une histoire petit à petit en tâtonnant sans avoir de cap vous offre plein de possibilités, mais vous y passerez plus de temps qu’avec un cap ! Vous risquez même de vous perdre plus d’une fois, d’être bloqué et finir simplement par abandonner.

Commencez à rebours. Démarrez par la fin pour arriver au début. Et soyons d’accord, ce n’est pas parce que vous savez où vous allez que cela ne vous empêche pas de prendre, de tester d’autres pistes. Le balisage, la structure n’est pas un frein à votre imagination.

Planifié et structuré, votre scénario va vous permettre de clarifier votre idée et peut-être de découvrir une nouvelle idée cachée à l’intérieur de votre histoire. Tout cela vous permettra de pouvoir réécrire plus vite, plus clairement et plus efficacement pour arriver à votre scénario final.

C’est d’ailleurs par manque de structuration et de planification que l’on entend, les jeunes scénaristes et parfois les moins jeunes, dire :

« Putain ! C’est difficile d’écrire, je pensais qu’il suffisait d’écrire mes idées sur le papier, que les gens allaient adorer mes histoires et que je gagnerais naturellement de l’argent ! »

Le truc c’est qu’il ne faut pas non plus se perdre dans l’analyse de votre thématique. Il faut parfois juste écrire.

Aujourd’hui, vous avez à votre disposition de multiples méthodes connues et reconnues inventées par « les gourous » de l’industrie cinématographique qui se vantent d’avoir une approche très théorique de l’écriture d’un scénario. Il est évident que leurs méthodes peuvent vous être d’une grande utilité à condition que vous en trouviez une qui vous convienne mais aussi une qui vous permette de vous approprier cette méthode, de la transformer afin qu’elle vous convienne parfaitement. C’est la méthode qui doit s’adapter et pas le contraire en fonction de l’historie que vous avez à raconter.

Toutes ces méthodologies et tous les processus d’écriture ne sont là que pour n’avoir qu’une finalité : raconter une histoire. Ne passez pas trop de temps non plus à peaufiner ou tenter d’avoir des séquences parfaites car c’est une perte de temps surtout si vous êtes en train d’écrire votre premier jet. Vous aurez bien assez de temps après cette étape pour les améliorer.

D’ailleurs vous pouvez très bien écrire votre premier jet sans vous soucier de grand chose. En revanche une fois celui-ci terminé vous pourrez commencer à améliorer la caractérisation de vos personnages, les phases d’exposition, les péripéties, les préparations et paiements etc…

Ce que vous devez retenir c’est qu’écrire un scénario c’est avant tout du feeling. Si vous connaissez votre thématique, que votre structure est bonne, ce qui compte le plus ce sont les émotions que le spectateur va ressentir. Une fois que vous avez choisi votre méthode, votre structure, et à chaque fois que vous réécrivez (améliorez) votre scénario, vous devez garder en tête que le plus important ce sont les émotions et ce pourquoi les spectateurs vont venir voir votre film.

anatomie du scénario pixar

enchanted_fairy/ shutter stock

4) La structure de votre scénario

Modèle de structure :

Il était une fois,…..

Tous les jours,…..

Un jour,…..

C’est pourquoi,….

C’est pourquoi,….

Jusqu’à ce que finalement,….

Ce modèle de structure se nomme « Story spine ». Il s’agit d’un exercice assez efficace et une excellente solution pour développer et structurer des idées d’une manière spontanée et assez précise. Vous l’aurez compris cette structure permet tout simplement de simplifier ce que vous souhaitez raconter. Comme vous pouvez le remarquer cette structure comporte une « évolution ». On sent que le personnage de cette structure (sa vie) va être bouleversé et qu’il va devoir s’en sortir (ou pas). Mais l’état dans lequel il sera au début n’aura plus rien à voir avec celui qu’il aura à la fin.

Nous passons d’un vieux monde à un nouveau monde.

Ce n’est ni plus ni moins que la structure de Campbell, Truby, Vogler, Mckee etc… Ils l’expliquent tous différemment mais au fond c’est exactement cette structure là.

Toutes les histoires partent d’une situation de départ. Puis surviennent le conflit et l’évolution du personnage dans ce conflit qui se termine par la résolution de ce conflit et la transformation du héros.

Encore une fois, il est important de comprendre la structure mais ne suivez pas aveuglément ces principes. Il faut parfois savoir les utiliser pour qu’ils servent votre histoire. Il ne faut pas juste remplir les cases puis passer à la suivante pour créer votre histoire. Vous devez comprendre la mécanique pour l’utiliser correctement. Cela implique parfois de bouger la structure, de la remanier.

Le story spine ne suffit pas à raconter une histoire en englobant toute la dramaturgie dont un scénario a besoin.

Vous vous doutez bien que ce modèle a besoin d’être approfondi et qu’il doit absolument comporter plusieurs points fondamentaux pour être complet comme :

  • La définition d’un ensemble de personnages, le contexte et l’univers dans lequel ils évoluent.
  • Un monde « ordinaire » où l’histoire débute, c’est à dire sans conflit, sans problème, bref un monde qui pose les bases de l’univers dans lequel votre personnage évolue.
  • Un élément déclencheur qui vient perturber ce monde et la vie des personnages.
  • Des conflits, des péripéties que le héros doit surmonter. De la réussite ou de l’échec dépend la suite de l’histoire. Il faut donc vous demander comment il va survivre à tout ça. Tous ces moments préparent le héros (et le spectateur) au climax
  • Le climax et le dénouement de l’histoire

Il est important de prendre en compte que le conflit et les péripéties doivent être de plus en plus difficiles au fil de l’histoire. Il faut qu’il y ait « une surenchère » une graduation des obstacles pour le héros.

Voici un exemple de Story spine :

  • Il était une fois un boulanger qui faisait des tartes .Tous les jours, des gens venaient dans sa boulangerie acheter ses tartes. Un jour, plus personne ne vint. C’est pourquoi il décida de baisser les prix de ses tartes. C’est pourquoi les gens revinrent plus nombreux pour acheter ses tartes. C’est pourquoi il ne put plus assurer les commandes. C’est pourquoi il recruta de nouveaux employés pour l’aider. C’est pourquoi la production de tartes augmenta jusqu’à ce que finalement le boulanger fût à la tête de la plus grande société de tartes du pays.

Cet exemple montre que le Story spine rend les histoires plates. Car au fond il n’y a pas de tension ou de graduation des obstacles. Bref, il n’y a pas vraiment de dramaturgie et surtout il n’y a pas d’arc transformationnel du personnage principal : Le boulanger. Celui-ci n’évolue pas…ce qui rend l’histoire encore plus inintéressante.

Sans héros ou personnages qui vivent des conflits, des hauts, des bas, des victoires et des défaites , s’il n’y a pas une dynamique et de profonds changements…bref il n’y a pas d’histoire car pas d’intérêt.

Réellement, le story spine est intéressant pour chercher de nouveaux concepts ou de commencer un développement rapide d’une histoire, mais pas pour s’en servir comme seule structure. Pour être le plus clair, le Story Spine est une bonne solution pour vos pitchs mais c’est tout.

Si vous souhaitez vous lancer dans l’écriture d’un scénario il faut vous baser sur les modèles des « gourous » dont je vous parlais tout à l’heure.

structure scénario pixar

ToskanaINC/ shutterstock

5) Simplifier votre histoire et vos personnages

C’est une règle assez difficile que les apprentis scénaristes et scénaristes ont du mal à appliquer : Simplifier ! Enlever des personnages, éviter de trop expliquer ou de mixer plusieurs personnages en un n’est pas aisé. Vous avez l’impression de perdre du contenu et de la valeur… alors qu’en fait, vous vous libérez.

Mais vous avez raison, simplifier c’est enlever du contenu ! D’ailleurs c’est un concept ou un précepte connu chez les auteurs depuis fort longtemps, bien avant l’époque du scénariste William Faulkner sous la phrase : »Kill your darlinds » qui veut dire « tuez ce que vous aimez ».

Vous devez en toute conscience sacrifier des séquences, des personnages et des éléments de votre histoire que vous trouvez intéressants dans l’optique de retirer ce qui encombre l’histoire et de la rendre plus compréhensible pour les spectateurs.

Bref, vous allez devoir enlever de la matière, même si vous savez que les séquences et les personnages que vous allez devoir retirer sont extraordinaires. Car il faut faire la différence entre ce qui fonctionnent tout seul/ une très bonne séquence mais qui au fond n’apporte rien à l’intrigue, casse le rythme et alourdit inutilement l’histoire.

Evidemment c’est la même chose pour les personnages ! Si vous vous apercevez que deux personnages qui interagissent avec votre héros n’apportent rien de plus l’un et l’autre à votre personnage alors il se peut qu’il y ait un personnage de trop. Dans ce cas il faut simplement les combiner. N’oubliez pas qu’un scénario doit être concis.

Il faut que chaque nouvelle séquence et chaque nouveau personnage apportent au spectateur (et à l’histoire) de nouvelles informations et fassent avancer le tout.

Voilà pour cet article sur “Les règles d’écriture chez pixar”, qui compte beaucoup pour moi.

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Tom Weil

À PROPOS DE TOM WEIL

Tom Weil

Je m’appelle Tom Weil, je suis assistant réalisateur pour le cinéma et la télévision et comme vous pouvez vous en douter je suis passionné de cinéma depuis tout jeune. J’ai crée ce site il y a presque 3 ans maintenant pour vous apporter mon aide…

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