Le hareng rouge
Twist / retournement final
Comme promis la semaine dernière, voici un article sur une technique scénaristique que nous n’avons pas encore vu…le hareng rouge. Non je ne suis pas devenu fou ou fan de poissons, rassurez-vous ! Le hareng rouge est aussi appelé twist, c’est une technique que vous connaissez déjà, je vous assure. Quand je dis que vous la connaissez déjà, c’est que vous l’avez déjà vue, « vécue », dans certains films et vous l’avez trouvée sûrement époustouflante.
Mais attention, cette technique est difficile à mettre en place et à maîtriser. Si vous êtes novice, je vous déconseille fortement de vous lancer dans un scénario basé sur un hareng rouge. Mais rien ne vous empêche d’essayer ;o)
Un hareng rouge c’est quoi ?
Le hareng rouge c’est tout simplement un scénario qui utilise de fausses pistes pour qu’ait lieu un retournement incroyable à la résolution. C’est à dire que tout au long de l’histoire, l’auteur/ réalisateur a emmené le spectateur sur des pistes totalement fausses puis il dévoile un secret/ un fait/ une explication/ une révélation qui était inconnue jusque là et qui amène le spectateur à voir l’histoire qu’il vient de vivre jusque là, sous un angle complétement différent.
Les fausses pistes, c’est ce que l’on appelle un hareng rouge.
Mais comment construire un hareng rouge ?
Étape 1 :
Je me doute que certains d’entre vous sont déjà en train d’imaginer des histoires avec des retournements de fou, des fausses pistes etc…mais attention, il ne faut pas oublier qu’un bon hareng rouge/ qu’un bon retournement qui mette sur le cul le spectateur, demande une bonne histoire.
Oui, je vous bassine avec ça. Mais il est primordial que votre histoire soit construite comme toutes les autres. Je veux dire par là, qu’il faut un protagoniste, une quête, un univers, des personnages secondaires, bref, toutes les étapes du voyage du héros.
Pourquoi ? Car de cette façon, vous êtes sûr que votre spectateur va suivre la trame de votre histoire. Il pourra s’identifier au héros et suivre les étapes que vous avez prévues. Il aura l’impression de tout comprendre (ou presque). Si votre histoire est basique, il pourra même tenter d’anticiper ce qui va se passer. Il faut donc que le spectateur ait l’impression d’être « en pays conquis » et de comprendre l’histoire.
ATTENTION : être « en pays conquis » ne veut pas dire que la base de votre histoire ou que votre personnage doit être ennuyeux. Il faut accrocher votre spectateur avec une histoire forte et ne pas tout baser sur le retournement final.
Prenons un exemple : La planète des singes de Franklin J. Schnaffner (http://fr.wikipedia.org/wiki/Franklin_J._Schaffner) 1968. C’est l’histoire d’un vaisseau spatial parti de la terre en 1972, qui après un voyage de 18 mois à la vitesse de la lumière, s’écrase sur une planète inconnue, en 3978, peuplée de singes très évolués.
Je suis sûr que vous avez vu ce film au moins une fois. Pendant tout le film, le spectateur se demande comment Charlton Heston va s’en sortir et surtout quelle est cette planète. La scène de fin (le plan de fin) est absolument incroyable, car avec celui-ci (la tête de la statue de la liberté détruite et enfouie dans le sable), le héros ainsi que le spectateur comprennent qu’il ne se sont pas écrasés sur une planète inconnue mais sur la terre dévastée par des bombes nucléaires. Si mes souvenirs sont bons, la dernière réplique est « Non, ils l’ont fait ».
Le film prend alors un autre sens, juste avec ce retournement final.
BANDE ANNONCE 1 LA PLANETE DES SINGES 1968… par STEFGAMERS
Semer des petits cailloux pour préparer le Hareng rouge.
Étape 2 :
Une fois la trame installée, vous devez semer des indices pour préparer le spectateur au retournement. Sans ces indices le spectateur ne croira pas du tout au retournement final. C’est pour cela que le Hareng rouge est une technique difficile à mettre en place, car si vos indices sont trop voyants, votre retournement final tombera à plat et si vous n’en mettez pas, le spectateur n’y croira pas.
Il faut donc que vos indices soient en relation avec le futur retournement et en même temps « invisibles » ou « plausibles » pour votre base de l’histoire.
Je vais vous donner un exemple : 6ème sens de M. Night Shyamalan, 1999. A l’époque, je me suis laissé embarquer par l’histoire…comme un bleu…C’est l’histoire simple d’un petit garçon qui voit des gens morts, ce qui le terrorise. Un psy (Bruce Willis) suit le petit garçon pour tenter de le guérir, jusqu’au jour où il comprend que le petit garçon dit vrai.

Si vous n’avez pas vu le film, NE LISEZ PAS LA SUITE. Le twist final (retournement final) est incroyable. Pourtant le réalisateur nous a laissé des indices tout au long du récit :
– Lorsque le psy rencontre le garçon pour la première fois en compagnie de sa mère
– Au restaurant quand Willis dîne avec sa femme
Etc….
Toutes ces scènes sont crédibles dans l’histoire, pourtant en tant que spectateur, ces scènes nous interpellent (surtout la scène du restaurant, pour moi). Mais nous passons naturellement à la suite du récit. Nous extrapolons en pensant que Bruce Willis a des problèmes conjugaux.
Toute la force de Shyamalan dans ce film, c’est la mise en scène (et l’écriture) du retournement. Car pendant tout le film, nous suivons le point de vue du psy. Le garçon d’ailleurs le dit à un moment « les morts ne se voient pas entre eux…ils voient ce qu’ils ont envie de voir ».
Lorsque Willis comprend qu’il est en fait un fantôme, nous vivons en même temps que lui la révélation. Le réalisateur se sert d’ailleurs d’une technique que nous avons vu : le flashback. A ce moment précis le film et ces scènes prennent un tout autre sens ! D’un coup ce que nous prenions pour des problèmes conjugaux, entre la femme de Willis et lui, s’est transformé en deuil ! Et que la quête du héros n’est plus du tout la même, nous passons de l’autre côté du miroir, nous passons du côté du point de vue du petit garçon.
Je me souviens avoir pris une énorme claque scénaristique et cinématographique à l’époque de la sortie.
Pour moi, c’est une des plus belles préparations de retournement final que j’ai pu voir.
Pour terminer, un des moyens qui est aussi à votre disposition pour créer un hareng rouge, c’est d’utiliser des ellipses (autre technique que nous avons vu). Quelque chose, que le spectateur n’a pas vu, peut être un indice important pour la préparation du twist. Pour figurer cette ellipse de dissimulation, vous utiliserez le flashback…
Je vous ai perdu hein ? Reprenons l’exemple de « 6ème sens » pour vous expliquer ce qu’est une ellipse de dissimulation. La rencontre entre Bruce Willis et le petit garçon se fait dans le salon de la mère du garçon. Celui-ci ouvre la porte d’entrée, entre dans la pièce et monte. Willis et la mère sont là et le regardent monter (ou il dit bonsoir et il y a un cut…je ne me souviens plus) bref, l’important c’est que la séquence commence à l’arrivée du garçon. On peut donc croire que Willis et la mère viennent de discuter et que l’entrée du garçon dans la pièce les a arrêté dans leur discussion. Grâce au Flashback de la révélation, nous comprendrons qu’en fait c’était une ellipse de dissimulation, vu que Willis est un fantôme, il n’a pas pu parler avec la mère… (CQFD).
Je crois sincèrement qu’il faut regarder plusieurs films utilisant ce système de Hareng rouge ou de retournement final pour voir toutes les possibilités et toutes les ficelles qui ont déjà été utilisées.
Pour que vous puissiez passer un week-end studieux, tout en vous faisant plaisir, voici une liste de films ou les harengs rouges et les retournements finaux sont (pour moi) une mine d’or.
– Usual suspect
– Fight club
– Les autres (qui joue à font sur l’exploitation du mystère !)
– The game
– Shutter island
– Seven
– Dark city
– Saw
Il y en a beaucoup d’autres mais c’est une petite sélection perso. J’aurais aussi pu vous parler de psychose, memento etc…
Si vous décidez d’utiliser cette technique, faites attention de ne pas perdre le spectateur en voulant faire trop compliqué ou en cachant trop d’éléments importants du récit (dans des ellipses par exemple).
J’espère que cet article sur : le hareng rouge, vous a plu. N’hésitez pas à me poser des questions au bas de cet article.
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Tom
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