La continuité dialoguée
Je sais à quel point cet article est attendu, n’est ce pas ? Car pour la première fois depuis que vous avez commencé à travailler sur votre film, votre idée va enfin devenir un scénario. Je crois sincèrement que vous avez raison, vous pouvez être content et fier de vous. Car si vous avez bien suivi les étapes depuis le début, cette partie devrait bien se passer. C’est pour moi (et aussi sûrement pour vous), la partie la plus excitante. Vous allez d’ici peu avoir votre premier jet grâce à la continuité dialoguée.
Mais attention, il y a tout de même des pièges à éviter. Parfois dans la frénésie de l’écriture, le scénariste peut s’emballer. Le conseil à toujours avoir en tête est de ne pas faire parler vos personnages pour ne rien dire ! Ou ne pas leur faire raconter ce qui se passe devant les yeux du spectateur.
Exemple :
Léa est couchée dans son canapé. Léa tousse. Elle remonte, sur elle une grosse couverture, jusqu’au menton. Un thermomètre dépasse de sa bouche. Sophie entre.
Sophie
T’es malade ? ça va pas ?
Le spectateur a très bien compris que Léa est malade. Le dialogue de Sophie ne sert donc à rien ! Il faut uniquement faire parler ses personnages si c’est nécessaire ou/est utile pour l’histoire.
Exemple de passage du Séquencier à la continuité dialoguée. Prenons la séquence 2 du dernier article :
Séquencier :
Séquence 2 : Int – Poste de sécurité – Jour
Arthur regarde les écrans de contrôle. Les clients du supermaché vont et viennent sans se douter qu’Arthur épie leurs faits et gestes. Quelque chose attire son œil. Il prend le joystick dans une de ses mains et zoom sur la caisse numéro 12 : celle où se trouve la jeune maman et son bébé. Arthur saisit son talkie walkie. Il appelle Louis, son collègue, qui se trouve en magasin. Arthur le cherche sur l’écran mais ne le trouve pas. Louis lui dit qu’il est au rayon surgelés. Arthur appuie sur les boutons de commande des caméras et affiche le rayon surgelés, Louis apparaît. Arthur envoie Louis voir ce qui se passe à la caisse n°12. Au même moment le téléphone sonne. Arthur décroche, au bout du fil la caissière n°12
Continuité dialoguée :
Séquence 2 : Int – Poste de sécurité – Jour
Arthur regarde les écrans de contrôle. Les clients du supermarché vont et viennent sans se douter qu’Arthur épie leurs faits et gestes.
Quelque chose attire son œil.
Il prend le joystick dans une de ses mains et zoom sur la caisse numéro 12 : celle où se trouve la jeune maman et son bébé.
Arthur saisit son talkie walkie.
Arthur
Poste pour marcheur 1….
Pas de réponse…
Arthur
Poste pour marcheur 1….oh Louis !
Louis Off
Marcheur 1 j’écoute
Arthur
Tu foutais quoi ? t’es où ?
Louis Off
J’suivais un gars mais RAS, j’suis au rayon surgelés, t’as besoin de moi ?
Arthur appuie sur les boutons de commande des caméras et affiche le rayon surgelés, Louis apparaît sur l’écran.
Arthur
C’est peut-être rien, mais je trouve une caissière bizarre…elle est debout devant sa caisse…. Va faire un tour du côté de la caisse n°12.
Louis
J’y vais poste 1
le téléphone sonne. Arthur décroche
Arthur
Poste 1 j’écoute
Marie
Poste 1, c’est Marie…heu..j’veux dire la caisse n°12. J’ai besoin de quelqu’un là, faut appeler les pompiers….c’est le bébé…
Arthur la regarde sur le moniteur. Marie est toujours debout, le téléphone vissé à l’oreille.
Arthur
Ok, quelqu’un sera là dans quelques secondes, gardez votre calme.
Arthur raccroche.
Il appuie sur son talkie walkie.
Arthur
Poste 1 pour Marcheur 1, dépêche- toi, y a un gros soucis, j’te rejoins.
Louis
5/5
Arthur sort.
Evidemment c’est un exemple pour vous montrer comment on développe une séquence de séquencier en continuité. On ne parle pas de qualité ;o)
Pour qu’un dialogue sonne juste, il faut que vous puissiez vous mettre à la place de votre personnage. Même si vous n’avez jamais été caissier, vigile, martien, espion…..Ce qui compte c’est de savoir ce qu’ils ressentent. Vous devez, émotionnellement, vous mettre à leur place. Pour ce qui est du métier ou de leur condition, c’est un travail de recherche voir d’immersion qui va vous apporter la véracité de leur comportement professionnel.
En résumé : Pour écrire de bons dialogues il faut éviter :
– De faire dire à un personnage ce que l’on vient de voir
– Respecter le niveau de langage du personnage. Un avocat ne parlera pas comme un vigile ! une fillette de 4 ans comme une jeune femme de 25 ans etc…
– Évitez les dialogues à rallonge du type monologe. L’exemple de Léa malade. On a très bien vu qu’elle était malade. On ne va pas le lui faire dire :
Léa
j’sais pas ce que j’ai, j’ai de la fièvre, mes pieds sont froids. En plus, je n’arrête pas d’éternuer. Ça j’suis certaine que c’est jean-phi qui me l’a refilé, ou alors c’est la grippe A ! 40 de fièvre…etc….
– Pensez que vos personnages parlent comme vous et moi.
Evitez les tournures de phrases trop littéraires ou trop guindées sauf si c’est un aristo ou que votre film se passe à une autre époque. Dans ce cas, vous allez devoir apprendre à parler comme les gens de l’époque. Mais attention, remis au goût du jour ! Sinon cela donnera un film comme Roméo + Juliette ;o)
– Évitez aussi les dialogues avec trop d’argot au risque de perdre le lecteur. Vous pouvez glisser quelques mots, cela caractérisera votre personnage. Mais n’en mettez pas tout le temps.
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Tom Weil
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