Petit mot d’introduction n°2
Bonjour à tous. Voici la 2ème partie de l’interview de Marine Place pour la sortie de son premier long Métrage « Souffler plus fort que la mer ». Dans cette partie, nous allons parler de la relation Réalisateur/ Producteur mais aussi du nombre de versions que Marine a dû écrire, du budget initial du film et des coupes qu’elle a dû faire avec 6 fois moins d’argent…bref nous allons parler cinéma, production, budget, projet, mais aussi d’aventure humaine et de passion.
Cédric : Quelle a été ta relation avec ta productrice sur l’écriture du long ?
Marine : Pour moi c’est vraiment quelqu’un qui lit chacune de mes versions, qui a un regard auquel je suis très sensible. Elle est « soutenante » et ne perd pas de vue ce qui l’intéresse dans cette histoire. On confronte la version sur laquelle nous sommes toutes les deux d’accord à des chaînes qui donnent, à leur tour, d’autres retours et là ça devient plus dur.
Là, nous réfléchissons ensemble sur ce qui a marché et ce qui n’a pas marché, ou moins, et ce que je veux faire passer.
Cédric : C’est une vraie partenaire
Marine : Oui, c’est une vraie partenaire, complètement
Cédric : Tu sais combien de versions de « Souffler plus fort que la mer » tu as écrites ?
Marine : Je pense une trentaine ! J’ai réécrit, réécrit depuis 10 ans. Tout a changé…et en même temps rien n’a changé. (C’est à dire que ce qu’elle a voulu écrire est resté la même chose mais Marine a réussi à l’écrire et faire passer ce qu’elle voulait, différemment)
Cédric : Entre ta première version à la FEMIS et celle du tournage tu as beaucoup réécrit une fois que tu as trouvé ta productrice ?
Marine : À la FEMIS on écrit beaucoup, mais c’est vrai que Stéphanie m’a beaucoup fait réécrire. J’ai pris des directions diverses.
Cédric : Donc avec Stéphanie tu as écrit quoi ? 20 versions ?
Marine : Oui, c’est ça une vingtaine avec Stéphanie.
Cédric : Quel a été le budget du film ?
Marine : On avoisine les 500 mille euros. Il y a deux régions, les Hauts de France et la Bretagne ainsi que l’aide aux nouvelles technologies. Ça c’est pour le cash. Après c’est de l’apport en industrie grâce à des partenaires. Comme le matériel moins cher etc.…
Cédric : il t’aurait fallu combien de budget pour faire le film que tu avais en tête avant de devoir revoir tes ambitions à la baisse ? Alors forcément on n’a jamais assez d’argent mais l’estimation au départ était de combien ?
Marine : Au début Stéphanie a dit qu’elle l’avait budgétisé à 3 millions d’euros. Avec les gens qui sont payés normalement, ce qui n’a pas du tout été le cas ! Parce que ça demande aussi quelques sacrifices…On en sait quelque chose avec Tom (et l’équipe).
C’est qu’il a fallu accepter des tarifs très bas pour les gens aussi. Tout cela ça ne peut rentrer que comme ça. Donc avec tous les techniciens et comédiens payés normalement, tous les effets spéciaux et le scénario entièrement écrit c’était 3 millions. Mais ceci dit je ne regrette rien, vraiment, car certaines coupes dans l’écriture étaient bénéfiques.
Choix artistiques et coupes de « Souffler plus fort que la mer »
Cédric : J’aimerais revenir aux coupes dans ton scénario. Ça t’a vraiment beaucoup obligé à faire des choix artistiques ou des coupes artistiques ? Car enlever des séquences peut parfois obliger à « tuer » des personnages ou des situations qui te tenaient particulièrement à cœur ?!
Marine : Alors, j’ai une faculté qui doit m’aider, c’est d’effacer (d’oublier) qui est énorme. Je n’y pense plus, ah si, j’ai un souvenir qui me fait rire, qui est une scène du film d’ailleurs qui « tient » comme ça. C’est un moment où Tom m’a dit : « Là pour cette situation, tu n’as qu’un plan pour le dire, max deux ». Et j’ai dit… « Heu…d’accord, et ben ça sera un plan, plutôt que d’en faire deux qui n’aient pas de sens, ça sera un ».
C’est la scène dans le salon où ils sont tous en train de discuter à table. J’ai le souvenir de ça et de me dire : « je n’ai pas beaucoup de plan pour le dire donc il faut que je trouve une solution de mise en scène. » On s’adapte. Par contre il y a des choses que je n’ai pas lâchées ! Comme des vues sous-marines qui ont été tournées 4 mois après le tournage ou des vues aériennes.
Cédric : C’est avec ce travail de « coupes » que tu as fait que le travail avec Nicolas Duchêne (Son chef opérateur NDRL) et Tom a réellement commencé ?
Marine : Oui, il a fallu vraiment réfléchir pour que je puisse arriver sur le tournage et que je sois justement, pas complètement débordé. Car on ne fait pas le découpage une fois sur le plateau, même si c’est arrivé. Je me souviens, c’est arrivé deux ou trois fois où j’ai dû faire des coupes sur le tournage. Mais l’essentiel était fait avant le tournage pour que le film garde un sens. Donc l’essentiel a été fait avec Tom et Nicolas.
Cédric : Tu peux nous expliquer la relation particulière que tu as artistiquement avec ces deux techniciens qui ont des missions, au final, très différentes et comment tu gères ça sur le plateau ?
Marine : Déjà, ils se connaissaient, ça aide, forcément.
Cédric : Tu ne leur parles pas des mêmes choses…
Marine : Oui c’est certain. Avec Nicolas on parle beaucoup de tous nos rêves, de comment on filmerait ça ou ça ou ça. On réfléchit, on va chercher plein de références. Quelle place, qu’est-ce que je veux dire et comment, quelles images je souhaite. On ferait 10 plans par séquence ! On part tout de suite sur Ben Hur.
Après avec Tom il y a un principe. Même si je l’ai choisi et s’il me suit depuis tant d’années c’est qu’il connaît mon univers et qu’il sait aussi où je veux aller artistiquement. Mais sa mission c’est que tout cela soit possible, réalisable et qu’on ait les pieds sur terre, pour que le film existe.
À partir de là c’est un jeu entre la réalité dont j’ai besoin et le jeu du rêve qui est toujours important. C’est Nicolas et Tom, c’est le rêve et la réalité qui font un tout et qui donne un milieu ahahahahaha. Là, je parle de la partie artistique parce que le rôle du 1er assistant c’est tout le travail avec son équipe, mais ça j’imagine que vous en parlez déjà sur le blog.
Cédric : tu parcours la France pour rencontrer le public et montrer ton film, ça doit être incroyable non ?
Marine : Effectivement c’est incroyable. J’en ai fait plus d’une vingtaine aujourd’hui. On écoute les premières notes de saxophone pour le coup et une chose que j’ai apprise, en tout cas c’est mon cas, un réalisateur fait toujours monter le son dans la salle. Je n’échappe pas à cette règle.
Puis on va manger avec l’exploitant et on revient à la fin. On passe au débat où les gens sont émus et posent beaucoup de questions. Je rencontre un vrai succès avec le public, en tout cas là où je vais.
Ce qui me passionne c’est de rencontrer le public, mais c’est aussi de rencontrer tous ces exploitants, ces directeurs de salle, toutes ces salles….quand on imagine, on écrit un scénario, que l’on est devant sa feuille à rêver, imaginer son histoire avec son chat ou ce que l’on veut et bien rencontrer ces gens c’est comme rencontrer le dernier maillon de la chaîne, la boucle est bouclée et ce sont ces gens là qui le font.
Ce sont des gens passionnés, passionnants qui défendent des salles, leur film. J’ai compris que dans les cinémas il y avait 3 personnes…10 personnes et ils croient toujours en leur film quel que soit le nombre de spectateurs.
Cédric : Tu as d’autres projets de film ?
Marine : Oui un nouveau long-métrage, toujours avec la même production. J’ai aussi deux documentaires.
Cédric : Tu veux ajouter un dernier mot ?
Marine : Oui, Le film entame sa 5ème semaine et il est visible encore dans 38 salles en France. Bien sûr, il faut bien programmer sa sortie car les séances ne sont pas tous les jours… Mais la présence est toujours belle et bien là pour ce film dont on ne donnait pas cher de sa peau…enfin de sa vie en salle avec sa petite distribution et son manque de promotion. Alors, chouette!
Pour terminer, cette rencontre était vraiment enrichissante et pleine d’humanité…étant un peu stressé, comme je vous le disais au début, je n’ai même pas proposer quelque chose à boire à Marine…nous avons parlé plus d’une heure…je suis un peu en dessous de tout…
Merci encore à Marine Place d’avoir joué le jeu et d’avoir fait preuve de bienveillance à mon égard pour cette grande première.
Voilà pour l’interview, partie 2, de Marine Place pour la sortie de « Souffler plus fort que la mer ».
Voilà pour la première partie de l’interview de Marine Place. Cliquez ici pour lire la suite.
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Tom.
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