Comment écrire un dialogue pour un scénario
Nous y voilà. Vous vous attaquez à la continuité dialoguée qui, comme son nom l’indique, comporte : des dialogues. Alors comment écrire des dialogues qui font mouche ?!
Un dialogue c’est quoi ?
Tout d’abord dites-vous que ce n’est pas parce que vous écrivez 90 pages de dialogues que votre film est réussi. On (nous scénaristes) y portent beaucoup d’importance et pour cause ! Les dialogues, c’est ce qui se voient le plus. Malheureusement 90 pages de bons dialogues avec une mauvaise structure, cela fait quand même un mauvais film.
Un mauvais travail sur les personnages donne aussi de mauvais dialogues.
Alors que cela soit clair, l’utilisation du dialogue ne doit se faire qu’en dernier recours ! Si l’information ne peut pas passer par l’action, le regard, les gestes ou la suggestion, alors il faut utiliser le dialogue. Il est vrai que cela n’est pas facile. Moi le premier (si si je vous le jure) j’ai, au début, utilisé les dialogues à tort et à travers parce que je ne maîtrisais pas ce que je vous explique dans cet article. Ecrire des dialogues c’est de la haute couture ! ;o)
Dernièrement j’ai corrigé le scénario d’un jeune scénariste.
L’auteur commence par mettre en place ses personnages. Il les décrit afin que l’on comprenne qui ils sont. Il s’attarde sur un des personnages : le chef, en écrivant, qu’il est fort, qu’il a un caractère de chien. Bref, il ne faut pas trop lui chercher des ennuis.
On peut donc s’attendre à ce que ses premières paroles soient dures, directives etc….
Alors que sa première ligne de dialogue est :
Le chef
Quelle heure est il ?
Garçon 1
10h
Le chef
Ouf, s’il avait été 11 h on aurait été en retard
Voilà typiquement ce qu’il ne faut pas faire. Mais je crois que vous avez compris…ce dialogue ne sert à rien et ne correspond pas du tout au personnage décrit.
Ce que vous devez retenir c’est :
LE DIALOGUE NE SERT QU’A FAIRE AVANCER L’ACTION.
C’est à dire, produire ou exposer les obstacles, rendre drôle, angoissant ou compréhensible un moment qui surviendra plus tard dans le récit, structurer un flashback.
- C’est ce qu’on appelle : la préparation et le paiement.
- Prenons un exemple simple :
- Dans Superman, un personnage dit que the man of steel est invulnérable sauf s’il est exposé à la Kryptonite : c’est la préparation.
- Lorsque nous voyons, à un moment du film, Superman s’effondrer face à un minuscule caillou, nous trouvons ça crédible car nous savons immédiatement que c’est de la kryptonite : c’est le paiement ! Préparation/ Paiement.
Mais revenons au dialogue. Si je devais vous donner trois règles à ne jamais oublier, ce serait celles-ci :
– Un dialogue clair
– Un dialogue crédible
– Éviter le dialogue explicatif
– Un dialogue clair veut dire qu’il ne doit pas se perdre dans des détails. Vous devez savoir ce que vous voulez faire dire à votre personnage. S’il parle c’est qu’il a une information à faire passer (contradiction, information, obstacle, aide).
Allez à l’essentiel, n’écrivez pas non plus des dialogues sans fin…
– Un dialogue crédible c’est quoi ? Dites-vous qu’une ligne de dialogue n’est pas une ligne de roman. Pas besoin de faire des tournures de phrases incroyables. Faites parler vos personnages comme monsieur ou madame tout le monde. Sauf évidemment si votre personnage est un Alien, un aristo, ou je ne sais quoi qui justifie le langage soutenu ou différent.
– Le dialogue explicatif.
J’en ai déjà parlé dans l’article : la continuité dialoguée .
C’est de dire ce que le spectateur est censé comprendre alors que l’image parle d’elle-même.
Exemple :
Léa est couchée dans son canapé. Léa tousse. Elle remonte sur elle une grosse couverture jusqu’au menton. Un thermomètre dépasse de sa bouche. Sophie entre.
Sophie
T’es malade ? ça ne va pas ?
Le spectateur a très bien compris que Léa est malade. Le dialogue de Sophie ne sert donc à rien !
Mais il faut aussi éviter le dialogue explicatif que j’appellerai de résolution. En effet, certains jeunes scénaristes sont confrontés parfois à un problème dramaturgique qu’ils ne savent pas résoudre. Ils se disent qu’ils le régleront plus tard avec une ou deux lignes de dialogues. Dites-vous que si vous avez besoin de tout expliquer par le dialogue c’est que quelque chose cloche dans votre histoire, structure etc….ou que vos préparations ne sont pas bonnes.
A l’inverse méfiez-vous des non-dits ! Vous savez, ce fameux mystère que certains scénaristes veulent faire planer durant toute la lecture du scénario. Alors qu’à la fin, aucune réponse n’est donnée (ou très peu). Méfiez-vous, car les non-dits peuvent parfois être obscurs pour le spectateur ou être tout simplement une lacune dans le scénario. Ce que vous n’expliquez pas par le dialogue mais par l’action, les geste etc…peut parfois passer à la trappe et perdre le spectateur, car mal interprété. Ce que vous pensez implicite peut en faite être obscur pour le spectateur.
Pour écrire vos dialogues, servez-vous des images que vous écrivez !
Si vous décrivez qu’un pilote de F1, dans sa combinaison, s’apprête à monter dans sa voiture, vous n’allez pas faire dire au chef mécano :
Chef mécano
T’as mis ta combinaison ! T’es prêt ?! Faut y aller à fond…
Mais plutôt :
Le pilote s’approche de sa voiture. Avant de s’installer, il échange un dernier regard avec le chef mécano. Puis le pilote baisse sa visière et s’installe au volant.
Le propriétaire de la marque s’approche du chef mécano.
Propriétaire
Alors ?
Chef Mécano
Il va tous les bouffer !
Vous évitez le dialogue entre le pilote et le chef mécano. Mais grâce à un regard vous appuyez le dialogue entre le chef mécano et le propriétaire. On pourrait même se passer complétement de dialogues si la scène était incluse dans un scénario.
Pendant que j’y pense, en ce qui concerne le dialogue en langue étrangère, ne mettez pas le dialogue en langue étrangère puis en dessous la traduction !
Mettez le dialogue en Français.
Faites comme suit :
Homme (En Anglais)
Je ne l’ai pas vu de la journée. Pourtant je suis resté assis là du matin jusqu’au soir…….etc…
Pour finir, dites-vous qu’il y a plein de dialogues différents : la répétition, les questions-réponses, les vannes, les bons mots, les dialogues imagés etc….Voyez toujours l’utilité du dialogue avant de l’écrire. Encore une fois je tiens à vous rappelez qu’écrire un dialogue est parfois une chose longue…trouver les bons mots n’est pas une chose facile. Cela demande du travail, de l’observation et de l’oreille, c’est à dire que vous devez apprendre à écouter comment les gens parlent autour de vous ;o)
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Bon Courage,
Tom Weil
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