Écrire des dialogues top !
C’est un problème récurrent : Comment écrire des dialogues ? Et comment écrire des dialogues qui déchirent ?! Alors, tu vas me dire « qui déchire » ça veut dire quoi ?! Pour moi un dialogue qui déchire c’est un dialogue qui fait mouche, qui est cohérent mais qui, surtout, semble naturel. Naturel dans la bouche du personnage mais aussi naturel du point de vue de la situation qui est en train de se jouer.
Donc, tu l’auras compris un dialogue qui déchire ce n’est pas forcément une punchline ou…
une vanne ! N’oublie pas que le dialogue n’est pas là pour expliquer ce qui se passe ou ce qui peut se comprendre via l’image ou le son. Le dialogue c’est le «Cherry on the top», soit, la cerise sur le gâteau, en Français, qui sublime la situation ou qui explique quelque chose que l’on ne peut pas comprendre autrement. MAIS SURTOUT un dialogue doit faire avancer l’intrigue. Grave cette dernière phrase, note-la, tatoue-la toi sur le corps s’il le faut mais c’est la règle d’or du dialogue. L’autre règle pour écrire un dialogue qui se tienne c’est de se souvenir des fiches personnages : d’où vient le personnage qui parle, son éducation, son métier etc…Pourquoi ? Car un dialogue caractérise les personnages, il raconte d’où ils viennent.
Le dialogue au plus c’est long au plus c’est…mauvais ! (enfin…souvent)
Je ne compte plus les fois où je lis des scénarios d’apprentis scénaristes qui font des pavés de dialogue. Je comprends la démarche…mais ça ne sert à rien et puis dis-toi qu’un dialogue à rallonge sera aussi long à filmer…et à jouer, donc durera longtemps à l’écran.
Et ce que déteste le spectateur c’est d’avoir des tonnes d’informations qui ne servent pas à grand chose (banalités etc… ) Ce que souhaite le spectateur c’est que l’histoire avance et qu’il ne doive pas trop supporter les bavardages des personnages.
Alors, que faire ?
« Show don’t tell », ça veut dire qu’il est toujours préférable de montrer que de dire. Cette règle va te faire gagner de précieuses lignes de dialogue. Mais surtout, comme tu devras montrer et que ça va « allonger » ton scénario en terme de séquences, tu devras réfléchir à deux fois pour savoir si l’information que tu dois faire passer est nécessaire ou pas.
Un dialogue ne doit pas être plus long que 3 lignes ! Oui, je sais, ça peut paraître peu mais je t’assure que c’est largement suffisant. Alors, c’est une règle ! Pas la sainte parole ! Forcément que ton personnage peut, parfois, avoir plus de 3 lignes mais c’est qu’il développe une idée. Ça doit rester exceptionnel.
Dans la formation : Savoir présenter un scénario sur l’Academy. Je vais te montrer que parfois les scénaristes professionnels s’en donne à coeur joie et font des pavés…Mais c’est rare et toujours justifier.
Pense à l’autre
Ça c’est une règle que j’adore ! Elle est simple. Lorsque tu écris le dialogue d’un personnage et qu’il parle à un autre personnage, imagine le comportement de celui qui écoute. Comment réagit-il ? Dans quel état d’esprit est-il ? Que fait-il ?
Le plus souvent quand on écrit un dialogue on pense surtout au personnage qui parle et plus du tout à l’autre qui écoute. Pourtant celui qui écoute doit « faire » quelque chose. Encore une fois, sers-toi de l’action, fais en sorte d’occuper ce personnage pour que la réponse qu’il va apporter au premier personnage soit en phase avec lui et la situation. De plus, le fait de penser à celui qui écoute va te permettre de calibrer le dialogue de celui qui parle : En longueur, en intention et en rythme.
Par exemple, si le personnage « A » parle au personnage « B » qui se trouve sous une voiture en train de la réparer, on peut très bien, grâce à cette situation, montrer en même temps que de dire. De ce fait le spectateur a deux « lectures » possibles : Celui qui parle et celui qui réagit « par l’action ».
Dialogue : Transmettre l’information à un personnage
Alors, ça c’est un point qui vous tracasse beaucoup, vous les apprentis scénaristes/ réalisateurs. Imaginons que le spectateur voit Sandra embrasser Léo, mais que Sandra sorte avec Cindy et que le meilleur ami de Cindy surprenne la scène. Il n’aura qu’une envie c’est de raconter à Cindy ce qu’il a vu ! Peut-être même que Cindy, une fois qu’elle l’aura appris, voudra en parler à son père ou sa mère…En gros, tu vas devoir faire passer 2 fois l’information alors que le spectateur sait déjà ce qui s’est passé.
Dans un scénario la première révélation du meilleur ami de Cindy à celle-ci peut être intéressante en terme de réaction, de conflits et d’intrigue. Mais la révélation de Cindy à son père moins, voire pas du tout.
Pour éviter que cela soit trop redondant il est toujours possible d’avoir recours à des « trucs ». Soit de laisser les personnages de Cindy et son père parler sans entendre ce qui se dit, soit de les laisser commencer à parler et enchaîner sur une nouvelle séquence. Pourquoi ? Car le spectateur connait déjà ce qui va se dire, pas besoin que le spectateur l’entende à nouveau. Sans entendre le dialogue le spectateur sait exactement ce qui se joue.
Le dialogue c’est la vie ou presque
Ce qui me chagrine souvent quand je lis des dialogues c’est de voir à quel point ils sont à côté de la plaque sur plusieurs aspects : l’époque, le rythme, le langage.
Je te le disais au début de cet article, le dialogue sert aussi à caractériser le personnage, il le trahit presque parfois. Alors pourquoi, la plupart du temps, tu m’écris des dialogues avec un langage soutenu alors que ton personnage vient d’un milieu modeste.
Alors, je caricature, évidemment. Ce que je vois aussi ce sont des dialogues où tous les mots sont écrits.
Par exemple :
Bonjour comment vas-tu ? alors que l’on pourrait avoir : « Salut, ça va ? » ou « Salut tu vas bien ? » ou « Yo frèro » ou « Hey ! bien ou bien ?! » ou « j’suis trop content de t’voir » ou « Fais un béco à mémé » et je peux encore, comme ça, vous en trouver des dizaines.
Votre personnage a une manière de parler bien à lui. Il faut donc que dans la manière d’écrire les dialogues, le vocabulaire ou les contractions s’y retrouvent aussi, pour faire plus vrai.
Ce qui va te permettre d’avoir des dialogues plus proches du réel, plus rythmés et ancrés dans une époque correspondant à ton personnage.
J’ai vu, il n’y pas longtemps : « Cht’tite famille » de et avec Dany Boon. Bon, je ne te cache pas que là, pour le coup, c’est caricatural à mort. Mais la manière dont parle Valentin D, joué par Dany Boon, est à 100 mille lieues de ce qu’il est vraiment. Mais cette cassure entre ce qu’il est et d’où il vient est un ressort de la comédie. Elle raconte aussi que le langage soutenu est une « couverture » un « personnage » qu’il s’est inventé car il a souhaité couper les ponts avec sa famille ch’timi.
Le recours au langage soutenu est donc un ressort dramatique, une caractérisation du personnage qui sera mis en opposition une fois qu’il aura perdu la mémoire et qu’il parlera à nouveau ch’ti !
Les ficelles sont grosses mais ça marche ! Là, plus qu’ailleurs, les dialogues caractérisent le personnage, donnent une couleur, un rythme et servent à ce que l’intrigue avance etc…
Le sous texte et l’intention
Un dialogue sert à quelque chose. On ne fait pas parler un personnage parce que ça fait beau et on ne fait pas parler un personnage trop directement !
Ça veut dire quoi ?
Dans chaque dialogue il doit y avoir une intention et cette intention doit-être cachée ! Prenez l’exemple d’un enfant à table. Ok, je vous mets dans l’ambiance. Papa a fait des courses dans la journée et a ramené des millefeuilles, les gâteaux préférés de Léo et Sarah. Ils rentrent de l’école et voient les gâteaux !
SARAH
On peut goûter papa ?
PAPA
Oui, bien sûr, et après on fait les devoirs
LEO
Moi je sais ce que je vais prendre
Léo prend la boîte de gâteaux.
Dans cette scène de tous les jours Léo et Sarah n’ont qu’une idée en tête c’est de manger le millefeuille. Mais pour des raisons évidentes de voir leur père dire non, ils parlent juste de goûter.
PAPA
Mais les millefeuilles c’est pour ce soir, prenez un fruit ou du pain.
Léo repose la boîte et fait la moue.
Le père annonce que les gâteaux c’est pour le dessert du dîner. Il dit clairement « non » sans dire « non ».
Si, le soir à table, après avoir mangé 2 bouchées de leur assiette Sarah dit :
SARAH
J’ai plus faim, j’peux arrêter ?
Le sous texte et l’intention sont : Je ne veux plus manger mon assiette car je préfère me jeter sur le millefeuille.
A ce moment là il se jouera un conflit entre Sarah et son père pour qu’elle finisse son assiette et Sarah fera tout pour manger au plus vite le gâteau.
Tu comprends ? La vraie vie est faite de dialogue « non frontaux » on dit toujours par le sous texte nos intentions…Ce que l’on veut vraiment. Et bien dans votre scénario c’est pareil. De plus pour vos comédiens ça sera plus simple à jouer car la situation, l’enjeu et l’intention seront clairs et précis.
Là je pars d’une situation simple de tous les jours mais, au fond, c’est la même chose pour toutes les situations, les conflits etc. Que votre histoire parle d’amour, de trouver un producteur, de sauver quelqu’un, personne ne parle ouvertement.
(Bonus) Pour de vrai
Je ne vais pas la faire trop longue sur ce point mais il est important. Le scénariste n’est pas acteur mais c’est la première personne qui peut tester chaque mot qu’il écrit. Les apprentis scénaristes font l’impasse sur ça, ils se passent les dialogues dans leur tête, ils les jouent et souvent trouvent que c’est super !
C’est le pire piège ! Pour voir si ça fonctionne il faut dire tes dialogues à voix haute ! Yep ! Il n’y a pas d’autre moyen et il ne faut pas juste t’approprier le dialogue, il faut le lire comme tu l’as écrit.
Je m’explique, si tu écris : « Non je ne souhaite pas cela et je t’interdis de dire que c’est de ma faute. » Il faut prononcer chaque mot ! et non pas : « Non, j’souhaite pas ça et j’t’interdis de dire qu’c’est d’ma faute ».
Même si tu n’es pas comédien tu vas pouvoir « sentir » le dialogue et voir s’il convient et s’il est juste dans l’intention. Tu vas aussi voir si les mots choisis vont bien ensemble et sont faciles à prononcer. Parfois les mots s’entrechoquent entre eux, on « savonne » c’est-à-dire que l’enchaînement ne se fait pas naturellement. Dans ce cas, tu vas pouvoir changer de mots pour que le dialogue « glisse » plus aisément en bouche.
Pour conclure, quand tu écris un dialogue pose-toi la question du but du dialogue ! Pourquoi il dit ça et pourquoi il dit ça de cette manière. Je te l’ai déjà dit tout à l’heure mais une fois que tu as dit tout haut le dialogue demande toi si :
- C’est juste dans l’intention
- Pourquoi il dit ça (le but)
- La manière de le dire est-elle la bonne ?
- N’y a-t-il pas un autre moyen de le dire ?
Voilà pour cet article sur : les 5 règles pour apprendre à écrire des dialogues qui déchirent.
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Tom.
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